Nous devons traiter deux problèmes simultanément. Le premier problème, mis en exergue par Mme la ministre dès son intervention liminaire, c'est la question de l'insertion des docteurs. Vous avez prononcé, madame la ministre, le mot « scandale ». Il ne me paraît pas trop fort. Nous sommes l'un des rares pays qui compte des docteurs, c'est-à-dire des gens formés par des universités dont beaucoup sont tout de même encore brillantes, ne trouvant pas leur place dans la société. Nous en connaissons tous, certains d'entre nous en emploient même. Nous connaissons très bien le problème. J'en vois d'ailleurs venir jusque dans ma permanence.
Le deuxième problème, c'est la nécessaire diversification de notre fonction publique, tout particulièrement de notre haute fonction publique. Je crois pouvoir en parler en connaissance de cause, sinon impartialement. Je ne sais pas s'il faut insuffler dans la haute fonction publique l'esprit de recherche évoqué tout à l'heure par M. Borgel. Ce que je sais, c'est que la haute fonction publique, et je le dis avec force, souffre aujourd'hui d'une endogamie culturelle, non pas d'une hérédité sociale ou sociologique mais d'une reproduction du modèle culturel qui a atteint les limites du tolérable. On parle beaucoup du modèle de l'ENA, en réalité il se forme à Sciences Po. L'ENA est une école d'application de cette grande école qu'est Science Po.