On parle beaucoup des médicaments et des patients, mais on oublie, me semble-t-il, les médecins. Or, en matière de médicament, rien ne pourra se faire sans eux.
Pour avoir exercé la médecine pendant quarante ans, je puis témoigner qu'ils ne savent plus aujourd'hui quoi et comment prescrire. Et ce n'est pas la formation continue, pour laquelle ils paient depuis des années sans qu'aucune ne soit organisée, qui les aidera ! Presque tous les médicaments sont contre-indiqués chez l'enfant de moins de trois ans. Si on ne veut pas prescrire hors autorisation de mise sur le marché (AMM), on est obligé d'adresser les enfants à l'hôpital. Or, les médicaments qui y sont utilisés, et qui sont ceux que les médecins ont appris à prescrire durant leur formation puisque celle-ci s'effectue en milieu hospitalier, ne sont pas nécessairement ceux qu'on a à disposition en médecine de ville.
J'ai prescrit du Mediator pendant quinze ans. Comment penser qu'il pouvait exister un lien entre l'apparition d'une valvulopathie et la prise de ce médicament, qui avait reçu une AMM pour le traitement du diabète et de l'hypertriglycéridémie ? Ce qui est anormal, c'est qu'une AMM ait été accordée à ce produit à ce titre alors qu'il s'agissait d'un coupe-faim. L'organisme qui délivre les AMM porte donc une responsabilité.
Trop de médicaments pourtant efficaces cessent d'être commercialisés, pour la seule raison qu'ils ne sont pas assez chers pour être rentables. D'autres les remplacent, beaucoup plus chers, dont l'efficacité est pourtant discutable par rapport aux anciens produits.