Intervention de Sergio Coronado

Séance en hémicycle du 28 mai 2013 à 21h30
Réforme du conseil supérieur de la magistrature — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSergio Coronado :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, chers collègues, « une justice digne de ce nom, non payée, non achetée […], sortie du peuple et pour le peuple » : c'est ainsi que Michelet définissait l'idéal révolutionnaire de 1789. C'est cet idéal que nous n'avons cessé de poursuivre, pour libérer les hommes et les femmes du despotisme, de l'arbitraire et de l'injustice, car nous savons tous que l'indépendance de la justice est un des marqueurs de la vitalité d'une démocratie.

Il n'y a pas de démocratie sans justice. Les révolutionnaires l'avaient compris, qui, d'une part, instaurèrent la séparation des pouvoirs, le principe d'égalité devant la justice et sa gratuité, la présomption d'innocence, la légalité des infractions et des délits, et, d'autre part, supprimèrent les juridictions seigneuriales.

L'énonciation de ces principes est en soi insuffisante. La justice n'est justice que parce que des hommes et des femmes se mettent en danger pour elle ; la justice n'est justice que parce que sont mis en place des organes dont le rôle et la composition font vivre son indépendance.

Aujourd'hui encore, la justice devrait être, pour chaque citoyen, ce pouvoir gardien des libertés. Pourtant, même ici, elle ne cesse d'être contestée, et sans doute est-ce en partie liée à l'ombre portée de la politique. En effet, ces dernières années, le lien entre politique et justice, notamment dans certaines affaires qui ont défrayé la chronique, est apparu trop étroit, la perte de confiance en l'une renforçant la perte de confiance en l'autre. De cette proximité incestueuse ne peut naître que le désamour des citoyens pour la démocratie et la République.

La multiplication des affaires a mis en évidence la tentation de certains responsables politiques, parfois au plus haut sommet de l'État, d'une justice aux ordres ou, pire, d'une justice à deux vitesses : faible avec les puissants, implacable avec les faibles.

Cette situation est devenue insupportable aux yeux de nos concitoyens. Le sentiment d'une justice entravée, manipulée ou empêchée se traduit par un affaiblissement de la démocratie.

Comme l'a rappelé la garde des sceaux, l'indépendance de la justice est un objectif que nous assigne notre Constitution même. C'est aussi un des engagements du Président de la République et de la majorité.

Nous savons que cette indépendance a été et reste un combat. Les pressions contre les juges qui ont instruit les affaires financières au cours des années quatre-vingt-dix et, plus récemment, les attaques dont a été l'objet le juge Jean-Michel Gentil de la part de nombreux parlementaires démontrent que l'institution judiciaire doit être protégée et son indépendance garantie.

Je le dis haut et fort, au nom des écologistes : l'intrusion politique dans les affaires de la justice est intolérable et n'est pas digne d'une démocratie !

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