Les technologies de l'information et de la communication créent de nouvelles opportunités et facilitent nos manières de produire, de consommer, d'apprendre et d'échanger, mais elles nous rendent aussi plus vulnérables. Nous savons bien qu'une cyber-attaque massive pourrait avoir des conséquences désastreuses pour notre pays, le paralysant en quelques heures. Il faut nous y préparer et nous donner les moyens de lutter contre ce type de menaces. Je pense que sur ce sujet peut-être encore plus que sur tout autre, il y a nécessité d'une réflexion non pas seulement à partir des dimensions militaires de la sécurité, mais prenant en compte toutes les administrations, tous les services de l'État. Une telle réflexion devrait prévaloir, tant il est important de parer les cyber-attaques et de mettre en place des pare-feu, mais aussi de maîtriser toutes nos communications. À cet égard, la question du réseau et de la façon dont notre État s'organise en ce domaine, ce qui ne dépend pas seulement du ministère de la défense mais qui pourrait demain représenter un investissement pour toutes nos administrations, est aujourd'hui posée. C'est un investissement lourd, mais producteur d'efficacité et de sécurité demain si nous ne maîtrisons pas seulement les pare-feu mais aussi les tubes dans lesquels l'État assure ses propres communications.
Mes chers collègues, nous sommes la France. Ce n'est pas n'importe quel pays que le nôtre. Être la France nous confère, c'est vrai, une responsabilité et un devoir. Je l'ai dit dans mon intervention lors du débat sur l'intervention au Mali : être la France entraîne des responsabilités et un effort spécifiques. Cet effort, c'est une garantie d'indépendance nationale ; cet effort, c'est une continuité qui permet à notre nation de respecter son histoire et de prendre ses responsabilités vis-à-vis du monde. Nous remplissons ce devoir sans rechigner, mais nous sommes aussi en droit d'attendre de nos partenaires européens qu'ils prennent en compte cette réalité : ils ne sauraient oublier l'effort que nous faisons pour garantir notre sécurité et celle de notre continent, notamment quand ils commentent nos choix en matière de dépense publique.
Monsieur le Premier ministre, vous avez fait le choix de regarder la réalité en face, d'évaluer les menaces et les contraintes, de définir les enjeux et de fixer un cadre opérationnel pour développer une nouvelle ambition de défense. Comme vos prédécesseurs, vous auriez pu être dans le faux-semblant, dans l'affichage artificiel, dans la déclamation sans lendemain. Vous auriez pu faire, comme ils l'ont fait, de notre défense une variable d'ajustement budgétaire.