Monsieur le ministre, je m'occupe comme vous de ces questions depuis fort longtemps. Je vous poserai donc plusieurs questions sans la moindre intention polémique, car le moment est sérieux – et même grave – pour notre pays.
Permettez-moi d'abord de noter que ce Livre blanc, dont la réalisation a été un peu chaotique, et dont la publication a été reportée plusieurs fois, ne change pas fondamentalement les orientations du précédent Livre blanc. On reste dans la même logique : l'environnement stratégique est dans l'ensemble perçu de la même manière, et les objectifs sont inchangés. Naturellement, je m'en félicite : la politique de défense de la France ne change pas avec les changements de gouvernement !
En la matière, la mère des batailles est en réalité celle de l'argent, vous le savez bien. Les guerres ne se gagnent pas avec des déclarations et des Livres blancs, mais avec des effectifs et des équipements. Le vrai débat, c'est donc celui de la loi de programmation militaire, et celui du prochain budget de la défense. Vous nous dites que les objectifs seront conservés : malheureusement, nous voyons que le budget de la défense français rejoint la moyenne européenne. Jusqu'à présent, seules la Grande-Bretagne et la France se maintenaient légèrement au-dessus de cette moyenne. Le rapport entre le budget de la défense et le PIB de la France va désormais tomber aux alentours de 1,15 %. Nous allons ainsi rejoindre le peloton des pays qui ne consacrent à leur défense que 1 % de leur PIB, dans une Europe globalement dénucléarisée et en voie de désarmement budgétaire unilatéral. Alors que nous sommes dans un océan de menaces et de tempêtes, la France, malheureusement, rejoint ce groupe.