Monsieur le ministre, tirant les leçons des opérations conduites en Libye, en Afghanistan ou au Mali, le Livre blanc prône un modèle d'armée adapté aux nouvelles menaces et, bien sûr, aux besoins qui en découlent notamment en termes de connaissance et d'anticipation.
Cette analyse réaliste, qui fait ressortir certaines lacunes capacitaires en matière de renseignement, affirme que la France doit se doter d'une capacité pérenne en matière de drones de moyenne altitude longue endurance et de drones tactiques. Vous l'avez dit, monsieur le ministre, et tout le monde en convient désormais, la France a raté le rendez-vous des drones, dès le début des années quatre-vingt-dix. L'acquisition sur étagère de deux drones de surveillance à moyenne altitude répond à une nécessité immédiate. Mais notre autonomie stratégique et notre efficacité opérationnelle reposeront, à moyen et long terme, sur notre capacité de production. Telle doit être notre ambition à l'horizon 2025.
Nous le savons, les contraintes budgétaires actuelles ne permettent à aucun État européen de porter, seul, des investissements de cette envergure. Comme l'a récemment rappelé le président de la République, « la souveraineté, ce n'est pas l'isolement, c'est aussi la capacité d'agir avec les autres ». Dans ce cadre, les entreprises européennes ont les capacités, les compétences et les sites de production nécessaires au développement d'un tel projet. Le besoin existe, le marché est prometteur dans ses applications militaires comme civiles.
Le salut de cette « solution pérenne » voulue par le Livre blanc repose, sans doute, sur une mutualisation au niveau européen. Notre expérience et nos succès industriels civils – je pense bien évidemment à Airbus – sont une piste de travail pour conduire à une alliance d'industriels capables de développer un ambitieux projet. Tout comme nous, vous les y encouragez, parce que nous savons que l'Europe de la défense est à portée de main sur le plan industriel.
Vous avez récemment déclaré, monsieur le ministre, vouloir proposer à nos partenaires européens la mutualisation de notre capacité à déployer et exploiter des drones de surveillance. Quel type de coopération – dans un cadre bilatéral ou dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune – envisagez-vous ? Ce sujet fera-t-il partie de l'ordre du jour du Conseil de décembre ou les États membres sont-ils déjà en phase active de discussion ?