Monsieur le ministre, le Livre blanc est destiné à offrir à la France une vision géostratégique. Je vous l'ai déjà dit : absence de vision de partenariat avec la fédération de Russie, absence de réflexion sur la guerre civile entre monde chiite et monde sunnite, absence de réflexion sur la zone Pacifique Sud, sur la Nouvelle-Calédonie, sur le canal du Mozambique, sur l'îlot de Tromelin et autres.
Monsieur le ministre, les sociétés occidentales sont extrêmement fragiles. Nous parlons de cyber-défense, mais faut-il rappeler ici qu'il y a vingt ans déjà, les colonels chinois avaient déjà théorisé la guerre sans limite après les affaires Soros, vécues par la Chine comme une attaque de l'Occident sur son économie. En cyber-défense, il vaudrait mieux parler de « cyber-attaque », car souvent, celui qui pare le coup a déjà perdu cette guerre.
Nos sociétés occidentales sont fragiles aussi en ce qu'elles dépendent de flux de communication et de ravitaillement en matières premières. Or il faut attendre la cent vingt-neuvième page sur cent soixante pour qu'enfin on se préoccupe du ravitaillement du pays, qui passe majoritairement par voie maritime pour ces matières premières : minerais, métaux, hydrocarbures, mais aussi ces fameuses terres rares, la plupart sous contrôle chinois.
Monsieur le ministre, je m'étonne de cette absence de réflexion sur cette fragilité de nos sociétés occidentales et particulièrement de la société française qui ne possède aucune réserve de matières premières, si ce n'est au fond des océans. Alors, n'y a-t-il pas une contradiction à limiter notre flotte à quinze frégates, dont seulement huit seront à terme des frégates modernes ?