L'amélioration de nos connaissances épidémiologiques permet de montrer que, s'il n'existe pas de maladies spécifiques des migrants, ces dernières sont plus ou moins réparties selon les publics, ce qui influe sur les conseils de dépistage ainsi que sur les bilans de santé.
Il est vrai que la prévalence du diabète est plus importante chez les personnes originaires d'Afrique du Nord mais aussi, et c'est moins connu, chez celles qui viennent du sud de l'Asie – d'où, lorsque cela est ignoré, certains retards de dépistage.
La prévalence du VIH est plus importante chez les personnes d'origine subsaharienne ou des Caraïbes, l'épidémie d'hépatite C l'étant chez celles qui viennent d'Europe de l'Est et l'hépatite B chez celles qui viennent d'Afrique de l'Ouest.
Il est nécessaire que l'ensemble des centres d'examens de santé de la sécurité sociale et de droit commun adaptent leurs pratiques dans leurs bilans de santé. Cela a d'ailleurs commencé suite à une recommandation formulée dans un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) puisqu'une expérimentation pilotée par la direction générale de la santé est en cours dans trois centres d'examens de santé d'Île-de-France s'agissant des visites de prévention pour les bénéficiaires de l'AME.
Cela est d'autant plus important que, indépendamment du problème des migrants, nos systèmes de prévention sont très verticaux. En effet, une radio du poumon montrera, par exemple, qu'un patient n'est pas atteint de tuberculose alors que l'hépatite C dont il souffre ne sera dépistée que dix ans plus tard, lorsqu'il souffrira d'une cirrhose.
Nous avons besoin de lieux adaptés et les centres d'examens de santé sont une bonne chose. Doivent-ils pour autant devenir des centres de santé ? C'est une autre question. S'ils remplissent leur mission de prévention et de dépistage, cela sera déjà très bien.
À l'instar de Mme Gaudillière, je considère que le caractère obligatoire des consultations n'améliorerait pas l'efficacité des soins, au contraire. Des économies devant être réalisées, je note que la visite obligatoire de l'OFII n'a aucun intérêt en termes de santé publique même si elle peut avoir du sens en termes de contrôle sanitaire aux frontières. En tout cas, elle en aurait si elle n'était pas effectuée longtemps après l'arrivée sur le territoire et si elle ne se limitait pas, par exemple, à détecter une tuberculose. Le caractère obligatoire d'une démarche entame la confiance et se heurte également à une contradiction légale et déontologique : exercer une médecine de contrôle, ce n'est pas exercer une médecine de prévention.
Le centre de santé du COMEDE propose à tous les nouveaux patients un bilan de santé que 84 % d'entre eux effectuent. Les autres ne le refusent pas mais il arrive qu'ils ne puissent pas s'y rendre le jour de leur convocation ou que l'interprète ne soit pas disponible ce jour-là. Il n'en reste pas moins qu'ils en bénéficient plus tard. Dans les centres d'examens de santé, facilitons un accès aux bilans de santé et les gens iront le faire !