Au-delà de la lutte contre l'isolement, qui constitue un axe transversal de notre politique, nous travaillons à la valorisation sociale des personnes âgées immigrées, à la valorisation de la mémoire et de l'histoire de l'immigration, notamment à travers des actions intergénérationnelles.
Il est important d'entretenir et de conserver cette mémoire, en faisant en sorte de la transmettre aux plus jeunes. Ainsi, nous organisons des rencontres entre des jeunes des collèges et des lycées et un groupe composé de personnes âgées immigrées rencontrées dans nos permanences d'accès aux droits, dans les foyers de travailleurs migrants, ou dans nos ateliers sociolinguistiques.
Ces rencontres sont l'occasion de parler des logiques qui ont façonné les situations migratoires et des difficultés d'intégration. Les personnes âgées ont des parcours très riches, qu'il est important de faire connaître aux plus jeunes. Nous considérons qu'il est nécessaire de soutenir ce travail de mémoire, d'inscrire cette histoire de l'immigration dans l'histoire commune. De fait, l'arrivée en France des migrants aujourd'hui âgés correspond à la période des Trente Glorieuses, et fait donc partie de l'histoire de France.
Mme Bandahan a insisté sur les actions destinées à lutter contre l'isolement. J'insisterai pour ma part sur l'importance du travail à l'échelon local. C'est à l'échelon départemental, communal ou intercommunal que les actions sont les plus efficaces. Comme vous l'avez sans doute entendu dans les précédentes auditions, le public des personnes immigrées âgées est difficile à appréhender, parce qu'il manque d'homogénéité. D'une commune ou d'un département à l'autre, les parcours sont différents, les arrivées correspondent à des phases historiques différentes. D'où l'intérêt de s'appuyer sur l'échelon local.
Il serait utile d'inscrire cette question dans les programmes régionaux et départementaux d'intégration des populations immigrées ou dans les schémas gérontologiques départementaux, qui constituent les documents de référence de la politique des conseils généraux en faveur des personnes âgées. En effet, même si ces schémas s'adressent à l'ensemble de la population, des programmes d'action spécifiques peuvent être mobilisés pour répondre à des besoins peu ou mal couverts au regard des difficultés particulières rencontrées par certains publics, notamment les plus fragilisés comme les personnes âgées immigrées vivant en foyers de travailleurs migrants. Mais j'aurais, bien sûr, d'autres propositions à formuler…