Monsieur Vaillant, vous avez parlé de la maladie d'Alzheimer. Il se trouve que je suis la secrétaire générale de l'Association franco-marocaine de la maladie d'Alzheimer, créée il y a une vingtaine d'années par un monsieur d'origine marocaine dont la mère était atteinte de cette maladie. Je suis plus spécialement chargée de la coordination entre la France et le Maroc.
Nous envisageons de passer une convention avec le service de gérontologie de l'hôpital de Nice. Les personnes d'origine étrangère souffrant de la maladie d'Alzheimer, qui pratiquaient la langue française, finissent par oublier cette dernière et retournent à leur langue d'origine. Nous allons donc essayer de nous faire les interprètes des personnes atteintes de cette maladie. Nous prévoyons également de faire de la prévention.
Monsieur Bachelay, vous nous avez demandé si nous faisions en sorte d'informer les migrants âgés sur les droits dont ils peuvent bénéficier. La réponse est naturellement positive. Comme je l'ai dit au départ, je suis assistante sociale. Je les accompagne donc, même lorsqu'ils n'ont pas encore atteint l'âge de la retraite. J'interviens comme médiatrice auprès des collègues assistantes sociales pour mieux leur faire comprendre la problématique de ces personnes. Mes relations avec le CCAS de Nice sont d'ailleurs excellentes.
Il est exact que les migrants âgés ne s'adressent pas à elles d'emblée. Ils viennent nous voir, déballent leur courrier que nous trions avec eux et en discutons ensemble. En cas de convocation dans une administration, nous jouons un rôle de médiation.
J'ai oublié tout à l'heure de vous dire que nous avions déposé aux archives départementales des Alpes-Maritimes des petits recueils retraçant la vie de chacun de ceux qui viennent nous voir à l'association, ainsi que les deux documentaires que nous avons réalisés sur eux : dans le premier, intitulé « Mémoires de chibanis », je les interroge pendant cinquante minutes sur leur vie ; dans le second, intitulé « 40 ans d'absence », que nous avons réalisé en 2007, nous avons filmé un monsieur qui n'est pas rentré au pays depuis quarante ans ainsi que sa femme et ses enfants qui, eux, sont restés au Maroc. Il est très émouvant de les entendre, les uns et les autres, exprimer leur souffrance.