Intervention de Sophie étienne

Réunion du 4 avril 2013 à 9h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Sophie étienne, directrice de la Fédération AEFTI :

Notre structure s'est professionnalisée pour répondre à l'évolution des politiques conduites en matière d'intégration, notamment au fait que la formation linguistique est désormais soumise à des appels d'offre. Alors que la formation dispensée répondait auparavant aux besoins locaux, cette évolution a malheureusement écarté le public de proximité, dont faisaient partie les chibanis et leurs épouses qui sont arrivées en France dans le cadre du regroupement familial. Ce public n'a plus la possibilité d'apprendre le français. Toutefois, des dispositifs, comme les ateliers sociolinguistiques, permettent d'élargir le public des bénéficiaires de l'enseignement du français. Le secteur caritatif tente lui aussi d'assurer l'apprentissage linguistique auprès des personnes âgées et des sans-papiers, qui sont écartés des dispositifs de droit commun. Mais les cours sont dispensés par des bénévoles, qui ne sont pas nécessairement formés à cette fin. Aussi, l'enseignement dispensé dans ce cadre n'est-il pas toujours de grande qualité.

La Fédération AEFTI est un des membres fondateurs de l'Association pour le droit à la langue du pays d'accueil, visant à promouvoir le droit pour tous à une formation linguistique de qualité. Comme à l'heure actuelle, je l'ai dit, la qualité de la formation n'est pas garantie, nous menons des actions d'ingénierie de formation à l'attention des formateurs – nous avons été à l'origine de la mise en place de la formation de tous les formateurs au « français langue d'intégration » (FLI). Nous menons également des projets de professionnalisation des acteurs de l'insertion, créons des outils pour l'alphabétisation et publions une revue scientifique, qui fait le lien entre la formation de terrain et l'université, ainsi qu'une revue d'interface qui permet aux acteurs de l'intégration de s'exprimer sur la question de la formation. Plusieurs numéros ont traité de la question des chibanis, ces derniers exigeant non pas tant un traitement social, comme s'ils devaient être réduits au statut de victimes, mais plutôt la possibilité d'être écoutés, car, dotés d'une riche expérience, ils pourraient la transmettre aux jeunes générations des quartiers dans le cadre de projets intergénérationnels.

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