Intervention de Khaled Abichou

Réunion du 4 avril 2013 à 9h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Khaled Abichou, directeur de l'association Initiatives contre l'illettrisme et lutte contre l'analphabétisme, ICI & LA :

Les recrutements des années 1950 à 1970 visaient spécifiquement les candidats analphabètes– dans le film Mémoires d'immigrés, Yamina Benguigui rappelle que les recruteurs de la régie nationale Renault allaient jusqu'à serrer la main des villageois des douars pour vérifier qu'elle était bien calleuse et qu'il ne s'agissait donc ni d'intellectuels ni de paresseux ! C'était un critère de recrutement. J'estime à 200 000 le nombre de personnes concernées par votre mission – immigrés âgés et leurs conjoints arrivés dans les années 1970 à l'ouverture du regroupement familial. Ce sont essentiellement des Nord-africains et des Africains francophones, recrutés dans ce qu'on appelait les États du « champ » – c'est ainsi que le ministère de la coopération dénommait la zone francophone. Ces personnes vivent dans des foyers Adoma ou dans des meublés. En dépit de la rénovation du quartier, certains ont pu, pour ne prendre que cet exemple, rester à la Goutte d'Or.

La vague des années 1970 est celle d'immigrés ayant suivi un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) dans leur pays d'origine. Je suis d'origine tunisienne. Mes camarades avaient quitté l'école pour la section professionnelle. Le niveau d'écrit de ces immigrés est donc imparfait mais ils disposent des connaissances de base. Ils ne concernent pas la mission car ils ont pu bénéficier d'une promotion professionnelle lors des réorganisations du travail dans les années 1980 – il y avait alors peu d'Algériens mais un grand nombre de Turcs, qui fuyaient, à l'époque, la dictature militaire. Ils étaient arrivés comme réfugiés politiques. Quant aux immigrés asiatiques, ils ont très souvent été scolarisés dans leur pays d'origine.

S'agissant des discriminations, il faut savoir que l'administration n'hésite pas à demander à des immigrés âgés de soixante-dix ans et plus, venus renouveler leur carte de séjour, leur diplôme de langue française, alors qu'ils vivent en France depuis quarante ans. C'est une pratique courante dans certaines préfectures.

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