Il ne s'agit évidemment pas que des usagers, aussi respectables fussent-ils, voire des praticiens, viennent évaluer le système. Le principe même de la culture d'évaluation veut que celle-ci soit réalisée par des spécialistes, parce que nous ne savons pas le faire. Des conseils, nous en avons fait beaucoup. Vous verrez d'ailleurs que ces évaluations seront présentées, comme les programmes, au Conseil supérieur de l'éducation, où chacun est représenté.
Il y a cependant une nouveauté, et je vous trouve cruels à votre propre endroit : j'ai quand même pensé qu'un regard extérieur pourrait être utile – si la chose est possible, car elle ne manque pas de susciter des résistances. C'est ainsi que nous avons imaginé de faire participer des experts internationaux dans des instances françaises, à l'exemple de ce que font d'autres pays le font. Autrement dit, pas les mêmes que d'habitude : les représentants des personnels, les parents, les associations – vous les connaissez comme moi et je n'ai aucun mépris mais ce ne sont pas des évaluateurs. Avec ces deux sénateurs, deux députés, deux personnalités nommées par le conseil économique, social et environnemental, vous avez ce regard extérieur que vous appelez de vos voeux ; mais quand il est là, vous n'en tenez nul compte ! C'est pourtant une nouveauté qui permettra de faire entendre auprès des experts ce qui relève, me semble-t-il, de l'intérêt de la nation dans sa composition diverse, d'un point de vue politique mais aussi économique, en direction des acteurs sociaux. Cette exigence que vous défendez est pour la première fois reconnue dans un conseil de cette nature ; et cet oeil de la société ne sera pas celui de chacune des associations de parents, mais celui du comité économique et social et de la représentation parlementaire.
Mais il en va de l'évaluation comme des programmes : prenons garde, je le répète depuis le début de ce débat, à ne pas perdre le fil. La logique est la même que pour le socle : si nous voulons être capables de l'asseoir, il faudra assurer cette cohérence, cette légitimité qui a fait défaut tant dans le rapport au programme que dans le rapport à l'évaluation. La représentation nationale sera constamment présente dans ces travaux ; elle pourra faire entendre sa voix et ses exigences, comme vous le demandez, non pas de façon nombriliste, en restant entre nous, mais avec ceux qui auront la charge, parce qu'ils ont une capacité d'expertise, d'écrire ces programmes tout en consultant. Et il en sera de même pour l'évaluation : le Conseil national d'évaluation pourra lui aussi consulter toutes les personnes qu'il jugera nécessaire.
Le Conseil supérieur des programmes, compte tenu du nombre de membres, ne pourra représenter toutes les inspections générales, toutes les associations de professeurs ; mais personne ne lui interdira d'organiser des consultations ; il serait peut-être intelligent de le faire. Ce ne sera pas la même chose avec ce pilotage dans lequel les parlementaires seront à chaque fois présents, mais en compagnie d'experts indiscutables – j'espère en tout cas que nous pourrons en convenir. Il est difficile d'être indiscutable dans le domaine politique, même quand on essaie d'être honnête : certains préjugés perdurent. Le domaine scientifique a cet avantage de faire émerger une vérité qui réunit tout le monde, car les preuves sont là et certaines personnalités sont si incontestables que nous n'aurons aucune difficulté à nous mettre d'accord sur elles.