Intervention de Vincent Peillon

Séance en hémicycle du 3 juin 2013 à 21h30
Refondation de l'école de la république — Article 23, amendement 176

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

Nos conversations sont inquiétantes, car c'est un sujet difficile pour les pédagogues. Qui a, de ce point de vue, la certitude absolue de ce qu'il conviendra de faire ? Cela supposera de procéder aux évaluations que nous souhaitons.

Mais notre discussion est faussée, d'abord parce que je ne lis pas, dans le code de l'éducation, que la fameuse loi Jospin – j'espère que vous l'avez votée à l'époque – ait fixé la durée des cycles : il est écrit que la durée de ces cycles est fixée par décret. Comme vous êtes devenus très jospinistes (Sourires), vous avez l'impression d'une grande régression liée à mon arrivée… Non ! Lisez bien : la durée de ces cycles est bel et bien fixée par décret.

Notre préoccupation rejoint tout ce que nous avons dit jusqu'à présent. Pour ma part, j'ai du mal à penser qu'un sujet aussi bien évalué que les maternelles et cette année de grande section, puisse donner lieu à un clivage gauche-droite. Or quand je suis dans l'hémicycle, je constate, sur les questions pédagogiques qui supposent une certaine finesse, que le clivage est bien gauche-droite. Il faudrait que ce clivage écrive les programmes et fasse l'évaluation…

Depuis le début, je résiste aux pressions qui peuvent même venir de rangs amis : après tout, il est assez naturel que chacun veuille défendre ses propres prérogatives, et donc le Parlement les siennes. Cela étant, nous avons au moins un résultat pour ce qui concerne la transition entre le CM2 et la sixième : c'est sur ce point que je trouve votre argument un peu sophistique, car nous n'avons pas fait de miracles, tout le monde en convient. Du reste, on a déjà cherché à mieux les articuler, notamment dans les réseaux d'éducation prioritaires.

On convient aussi – il y a eu un rapport de l'inspection générale, et l'ensemble des maîtresses et des maîtres de maternelle le disent – il y a eu ces derniers temps des dérives dans l'école maternelle. Alors nous essayons d'ajuster, de corriger, d'améliorer.

Certains nous reprochaient tout à l'heure de ne pas avoir fait l'école du socle. J'aimerais bien savoir qui l'a faite exactement ! Il me semble que, grâce à ce cycle et à d'autres mesures, nous avançons autant que faire se peut. J'ai le sentiment que c'est une belle illustration des dangers qu'il y aurait à vouloir trop faire passer nos programmes, nos cycles à la moulinette de nos clivages – parfois un peu abrupts – dans l'hémicycle jusqu'au moment où, subitement, vous devenez jospinistes et vous défendez des durées de cycles qui ne feraient pas l'objet d'un décret, alors que c'était la pratique dans la loi de 1989 !

Maintenant, si vous voulez de l'honnêteté intellectuelle, nous aurons à estimer ensemble ce que sera ce cycle de maternelle. C'est pour moi une évidence. Comme tous les Français, nous sommes très attachés à notre maternelle ; c'est une vieille affaire. Nous allons remettre en place la formation. Dans le cycle que nous définissons, nous entendons faire preuve de beaucoup de prudence, notamment pour ce qui touche à l'accueil des moins de trois ans. Je ne dis pas « des deux ans » : j'ai croisé tout à l'heure Xavier Darcos et nous avons reparlé de cette affaire qui lui a tant coûté : il ne s'agit pas des deux ans, mais des moins de trois ans.

Nous allons d'abord vers cet âge très proche des trois ans. Mais nous savons que ce ne sont pas les mêmes pédagogies, et que la pédagogie de la maternelle est particulière. Nous verrons les résultats que nous pourrons obtenir avec la formation des maîtres et la mise en place de ce cycle. Puis, comme l'a dit à juste titre le rapporteur, nous aurons à évoluer. Mais relisons le code de l'éducation : ce serait une nouveauté que de fixer par la loi la durée des cycles et que nous la gravions dans le marbre. Même Jospin, votre nouvelle référence, ne l'a pas fait !

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