En dépit de l'heure tardive, je tiens absolument à prendre la parole sur cet article, auquel le passage par la moulinette du Sénat a ajouté un élément dont je ne vous cache pas qu'il me laisse perplexe, voire inquiète. L'article 27 dispose que, « outre les enseignements de langue qui leur sont dispensés, les élèves peuvent bénéficier d'une initiation à la diversité linguistique ». Jusque là, pas de problème. Mais on lit ensuite que « les langues parlées au sein des familles peuvent être utilisées à cette fin ». Sauf erreur de ma part, dont je serais désolée, je ne crois pas que cet élément figurait dans la disposition initiale.
Cela me semble extrêmement dangereux. Comme vous l'avez dit vous-même, monsieur le ministre, une des fonctions de l'école est d'arracher l'élève à ses déterminismes. Il existe aujourd'hui des dispositifs grâce auxquels les élèves peuvent continuer à pratiquer leur langue d'origine : on les appelle les ELCO, les enseignements de langue et de culture d'origine. On déploie des trésors d'imagination non pour arracher les jeunes à leur milieu et leur culture d'origine mais pour leur permettre d'acquérir pleinement la culture et la langue françaises. Pourquoi réintroduire dans la pédagogie, sous une forme dont je me demande d'ailleurs comment elle pourra véritablement être mise en oeuvre, l'utilisation des langues parlées au sein des familles ? Il y a là, me semble-t-il, quelque chose de préoccupant.