C'est un amendement important, puisqu'il s'agit des devoirs à la maison.
Selon l'alinéa 137, la réforme des rythmes va permettre de rendre effective l'interdiction formelle des devoirs écrits à la maison pour les élèves du premier degré. Une « interdiction formelle » ! On ne saurait être plus catégorique.
Pourtant, les devoirs à la maison peuvent être une chance. Enseignante chercheuse en sciences de l'éducation, Séverine Kakpo a fait une enquête en région parisienne, dans un département où vivent des foyers défavorisés, sur la mobilisation des familles populaires dans les devoirs à la maison. Pour elle, contrairement à ce que l'on croit, la proportion des parents qui aident leurs enfants ne varie pas suivant le milieu social. Ce sont même les mères les moins diplômées qui consacrent le plus de temps aux devoirs. En primaire, ce temps varie, suivant la classe, de douze à presque seize heures par mois.
L'interdiction formelle, sans autre forme de procès, des devoirs écrits à la maison aura deux inconvénients : d'une part un nouveau lien entre l'école et les parents sera rompu, et d'autre part le temps consacré par les parents aux devoirs ne sera pas compensé par une aide équivalente au sein de l'école, ce qui représentera donc un handicap supplémentaire pour les milieux sociaux défavorisés.
Cette interdiction était déjà prévue dans une circulaire de 1956. On ferait mieux de se demander pourquoi elle n'est toujours pas appliquée plutôt que de réaffirmer une « interdiction formelle » !