Intervention de Agathe Cousin

Réunion du 22 mai 2013 à 16h30
Commission des affaires européennes

Agathe Cousin, chargée de la communication et des partenariats de l'ANDES, Association nationale de développement des épiceries solidaires :

Vous connaissez tous le principe des épiceries solidaires : offrir un libre choix de produits à toutes sortes de personnes, qui sont souvent dans la « zone grise » de la précarité – elles sont au-dessus du seuil de pauvreté, mais rencontrent des difficultés à boucler leurs fins de mois. Nos clients vivent souvent des minima sociaux ; ce sont souvent des retraités et des travailleurs pauvres, des parents isolés. C'est aussi une façon de créer du lien social et de valoriser les personnes, pour leur savoir-faire alimentaire par exemple ; nous proposons des ateliers à partir de l'alimentation, sur la saisonnalité des produits par exemple, et , au-delà, sur la gestion d'un budget. Il s'agit donc non seulement de permettre à tous de manger mieux et de façon plus diversifiée, mais aussi – très modestement – d'agir sur d'autres formes de précarité : la baisse de la dépense alimentaire permet de réaffecter les sommes non utilisées à cette fin au paiement de l'énergie, du logement, ou des dettes.

Nous rencontrons les mêmes problèmes que les autres associations présentes ici : proposer une offre suffisante en quantité et en qualité, ce qui est difficile notamment pour les produits frais, surtout pour les fruits et légumes.

Nous avons pour cela mis en place des chantiers d'insertion, avec les MIN (marchés d'intérêt national) : nous récupérons des invendus et des retraits agricoles, tout en aidant l'insertion professionnelle de personnes éloignées de l'emploi. Mais cela pose d'autres questions : le don n'est effectivement pas assez développé et de nouvelles incitations, par exemple fiscales, constitueraient une bonne idée. Avec la crise, les gens donnent moins, et surtout le plus tard possible, ce qui pose problème en particulier pour les produits frais dont la durée de vie est très limitée. Nous ne voulons surtout pas renvoyer nos clients à une image dégradante : si nous voulons favoriser l'équilibre alimentaire, nous devons proposer des produits qui fassent envie. Qui aurait envie de manger une salade toute fripée ? Il faut donc inciter à donner non seulement plus, mais aussi mieux. Le don sert, à l'évidence, à réduire le gaspillage alimentaire, et va devenir une source majeure d'approvisionnement pour nous tous ; mais est-ce véritablement une réponse structurelle ? Pour des raisons évidentes d'environnement et de coût, la lutte contre le gaspillage alimentaire est souhaitable ; mais le lien de cette question avec celle de l'aide alimentaire n'est pas simple.

Nous essayons aussi de mettre en place des circuits courts, auprès de petits producteurs en difficulté, dans une triple logique de prévention, d'insertion professionnelle et de développement local. Nous sommes ici dans une logique d'achat.

La question de la pauvreté est effectivement souvent traitée comme une question d'urgence ; on parle beaucoup du coût de l'aide alimentaire, mais on mesure mal les économies qu'elle permet de réaliser, en termes de santé publique – puisque l'alimentation est très liée à la santé –, d'emploi, d'accès à l'énergie…

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