Une des causes majeures de cette autolimitation est l'intégration des stéréotypes associés aux hommes et aux femmes dans notre société.
Nous en avons longuement débattu hier soir, lors du débat sur le projet de loi de refondation de l'école. Les stéréotypes sont nuisibles à notre vie en société.
C'est dès le plus jeune âge que l'on demande aux filles d'être douces, gentilles et modestes. C'est toute leur vie que les Françaises sont confrontées à un monde où les postes à responsabilité sont confiés aux hommes. Dès cette année, de nombreux partis politiques paieront des amendes pour insuffisance de parité chez leurs candidats aux élections législatives. Nous ne sommes qu'un quart de femmes dans cette assemblée, pourtant censée représenter la diversité des citoyens français. Encore ce faible nombre est-il un record historique ! Il faut de l'imagination pour qu'une jeune femme s'imagine être élue un jour, lorsqu'elle n'entend parler que de « monsieur le maire », « monsieur le conseiller général », « monsieur le député » et « monsieur le sénateur ». Il faut de l'imagination pour s'imaginer docteur, lorsque seul « infirmière » est prononcé au féminin.
En l'espèce, il faut de l'imagination pour s'imaginer directrice d'opéra, lorsque 96 % – 96 % ! – des opéras sont dirigés par des hommes.
Comme le dit Olga Trostiansky, fondatrice du Laboratoire de l'égalité : « Certains métiers sont considérés comme féminins, notamment ceux qui ont trait aux services à la personne. Si les femmes sont très majoritaires sur ces emplois peu qualifiés ou précaires, c'est en grande partie en raison des stéréotypes, des représentations. La femme est censée prendre soin des plus faibles, les enfants et les personnes âgées en particulier ».
Lors du débat sur le budget de 2013, M. le ministre Laurent Fabius nous apprenait qu'il avait fixé un quota de 40 % de femmes pour les nouveaux recrutements d'ambassadeur. Cette résolution participe du même effort. C'est par la loi que nous devons imposer une parité au plus haut niveau de toutes nos institutions publiques. Par cette contrainte, nous parviendrons à déverrouiller les stéréotypes qui cantonnent aujourd'hui les Françaises à des emplois présentés comme féminins.
Dans ce contexte, inclure plus de transparence dans les procédures de nomination est donc une excellente chose. Pourtant, la résolution aurait pu être un peu plus ambitieuse.
L'on peut tout d'abord déplorer que l'avis des commissions « ne lie pas l'autorité de nomination mais soit susceptible de l'éclairer dans son choix ». Elle ne supprime donc pas les possibilités de nomination sur le « fait du prince ».
De surcroît, cette résolution ne précise pas la composition de ces futures commissions. Il faudrait pourtant imposer tout d'abord qu'elles soient paritaires.