À chaque fois que la parité s'impose, certains s'inquiètent – on l'a encore vu lors de la loi sur l'enseignement supérieur et la recherche : a-t-on suffisamment de femmes compétentes, ou de talent, pour siéger à parité ? Je veux rassurer les inquiets : elles sont aussi nombreuses que les hommes et leurs places seront bien occupées !
Légiférer pour rompre avec l'exclusion des femmes des lieux de décision en matière culturelle est donc une exigence. D'autant que si l'on gagne la parité, elle sera source de diversité. Car je partage également le deuxième objectif de la résolution : diversifier les parcours humains et professionnels et les expériences des personnes appelées à diriger les institutions culturelles. La culture est, en effet, le contraire de l'uniformité. Elle se construit dans le partage, l'altérité, le mouvement et la critique. Donc, sortir des candidatures modèles en matière de carrière, d'expérience, de culture, voire de milieu, pour choisir ces dirigeantes et dirigeants est salutaire pour l'objet même de leur fonction.
Pour faire avancer les institutions culturelles au rythme de l'évolution de nos sociétés, au rythme des anticipations que nécessite tout projet culturel, au rythme des prises de risques indispensables, comme celles ayant conduit à la création du centre Beaubourg-Georges Pompidou, de l'Opéra-Bastille ou du Louvre à Lens, nous avons besoin de femmes et d'hommes porteurs d'une vision de l'intérêt général et respectueux des statuts des personnels. Ces rappels sont, pour moi, nécessaires pour dire la responsabilité de la République – donc, de l'État – dans la création culturelle et son développement, dans l'audace nécessaire dont il faut faire preuve pour être à la hauteur des défis du XXIe siècle en matière culturelle. C'est pourquoi notre résolution d'aujourd'hui me paraît un peu timide.
Vous nous proposez en effet, face à l'opacité des nominations, de mettre en place des « commissions de sélection appelées à émettre un avis préalable à la désignation des principaux responsables. » Un avis qui « ne lierait pas l'autorité de nomination, mais serait susceptible de l'éclairer dans son choix ».
La nomination reste donc encore le fait du prince – ou de la princesse –, même si elle devient plus éclairée. Une mobilisation parlementaire sur un très beau sujet, avec un très bel objectif, débouche finalement sur peu de chose !
Ce qui est en jeu, en fait, n'est-ce pas tout simplement la démocratie ? Le fait que l'élaboration d'un choix et la prise de décisions soient, en tous domaines, entre les mains de celles et ceux qui sont en premier lieu concernés par les choix à faire. Cela pose, pour ce qui nous occupe aujourd'hui, deux questions. Même si M. le président de la commission nous a rappelé ce matin que c'était une résolution et qu'il ne s'agissait pas de réglementer. Mais je pense que ces questions visent aussi à enrichir le contenu de cette résolution.
Première question : comment sont formées ces commissions ? De quelles personnes sont-elles composées et sur quels critères ? Je pense aux personnels, aux élus des collectivités : sont-ils eux-mêmes à parité ?
Seconde question : pourquoi ne pas leur conférer le réel pouvoir de nomination aux postes de direction ?
Ces deux questions me semblent primordiales pour dépoussiérer ces désignations et faire couler le sang neuf de la démocratie.
Madame la ministre, chers collègues, le débat est toujours utile et source d'avancées. Souhaitons que ce débat permette qu'elles se concrétisent un jour prochain ! Je veux y croire.