Les 179,2 milliards d'euros sont en euros constants 2013, ce qui explique qu'ils ne puissent être directement comparés aux 31,4 milliards d'euros qui sont en euros courants 2013. Les 5,9 milliards d'euros de recettes exceptionnelles font partie de ces 179,2 milliards d'euros et sont en euros constants. Cela explique peut-être certaines confusions.
Le Livre blanc opère-t-il une rupture par rapport au dernier exercice ? Il s'inscrit dans la continuité des missions mais opère un certain nombre d'inflexions, par exemple avec l'accent mis sur l'Afrique ou la sécurité maritime. En termes capacitaires, il préconise également de renforcer les moyens dévolus au renseignement, dont les drones, aux forces spéciales, à la cyber défense et au ravitaillement en vol.
S'agissant du format, nous passerons de huit à sept brigades interarmes, ce qui permettra de répondre à l'ensemble des crises potentielles. Le Livre blanc identifie également une force de 15 000 personnels projetables en cas de crise, nécessitant une action de coercition, ainsi que 7 000 personnels supplémentaires qui pourraient être engagés dans la durée sur deux ou trois théâtres simultanés. Ces deux nombres s'ajoutant, je le précise, sachant que le précédent objectif de 30 000 hommes projetables n'était de fait pas réalisable. Ils seront fournis, pour la composante terre, par les 66 000 soldats projetables de l'armée de terre.
Le Livre blanc mentionne à plusieurs reprises la puissance russe. Le risque d'une opposition entre chiites et sunnites est réel et, à cet égard, je nourris beaucoup d'interrogations sur la situation en Syrie. Ces menaces sont décrites comme élevées.
La dissuasion nucléaire restera à niveau et nous nous projetons sur l'avenir. J'observe que la plupart des équipements en service sont neufs, ce qu'illustrent certaines campagnes d'essai. Le niveau de financement alloué à la dissuasion avait récemment diminué, conformément au cycle d'acquisition ; la poursuite de sa modernisation suppose une remontée de l'effort financier dont le Livre blanc tient compte.
L'impact des préconisations du Livre blanc sur les territoires sera réel même si je souhaite que les réductions d'effectifs portent d'abord sur l'administration centrale et les services, en préservant au maximum les unités opérationnelles. À l'heure actuelle aucune décision n'a été prise en la matière. La gestion des conséquences locales demandera une approche fine et beaucoup de dialogue.
Pour revenir à la question de Mme Gueugneau, la part de la recherche et de l'innovation dans les crédits de la défense est aujourd'hui de 750 millions d'euros pour le soutien des grandes entreprises et des PME et je prends l'engagement de la maintenir à ce niveau.
J'observe que certains échecs enregistrés en matière de politique d'exportation d'armement ont conduit le précédent gouvernement à mettre en place une « war room » à l'Élysée pour soutenir et coordonner l'action internationale et la capacité d'exportation des entreprises de défense françaises. Le Président de la République a décidé de réactiver ce dispositif au sein du ministère de la défense. Je mets donc en place dans les jours qui viennent le comité ministériel d'exportation de défense (COMED), dont j'aurai la responsabilité, et dont l'objectif est de mener une action plus offensive et de faire circuler l'information dans la plus grande transparence, en évitant les dommageables concurrences franco-françaises.
J'ajoute que j'ai mis en place récemment un plan spécifique pour les PME de défense assorti d'un ensemble de mesures visant à renforcer la capacité d'innovation des quelque 4 000 PME de défense et à faciliter leurs rapports avec les grands groupes et le ministère de la défense. Une charte a été adoptée. Ce dispositif fonctionnel se traduit par des engagements entre les régions dans lesquelles l'activité de défense est particulièrement sensible, le ministère de la défense, la DGA et les grandes entreprises, qui ont déjà abouti à la signature de quatre accords.
Les ruptures en matière d'emploi seront, autant que faire se peut, évitées par l'effet de balancier entre les secteurs qui connaîtront un ralentissement de leur activité et ceux qui enregistreront un regain. Ainsi, l'ancienne loi de programmation ne prévoyait pas la commande d'avions ravitailleurs que la nécessité stratégique m'amène à faire aujourd'hui. Des discussions avec les industriels se poursuivent à ce sujet et tout porte à croire que les pertes d'emploi ne seront pas significatives.