Intervention de Guillaume Larrivé

Réunion du 4 juin 2013 à 17h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Larrivé :

Comme la plupart de nos collègues, je suis frappé par le sentiment de défiance de nos concitoyens à l'égard de ceux qui exercent des responsabilités publiques ou qui, comme nous, participent à la délibération et au vote des lois. Cette défiance s'accroît, comme en attestent les taux d'abstention élevés et le nombre de suffrages qui se portent sur les partis protestataires. Elle s'explique par deux séries de raisons : des manquements individuels très choquants dont l'affaire Cahuzac est le dernier exemple et, surtout, les faibles résultats des politiques publiques. Celles-ci sont globalement perçues comme inopérantes sur tous les sujets – chômage, déficits publics, baisse du pouvoir d'achat – qui affectent la vie quotidienne et les perspectives de nos compatriotes. Et ce, non seulement depuis un an, mais plus largement depuis une trentaine d'années.

Les textes qui nous sont proposés apportent-ils un début de réponse à ces deux séries de problèmes ? Je ne le crois pas. Au contraire, la préparation d'une « loi des suspects » ne fera que répandre un parfum de robespierrisme dans notre pays. C'est très regrettable. Le président de la République va entretenir le sentiment de défiance qu'il prétend combattre. En réalité, il est en train de jouer une partie de l'opinion contre les élus – y compris de sa propre majorité –, contre la démocratie représentative, contre l'État. C'est une faute contre la République et contre nos institutions.

Le président de la commission des Lois va s'efforcer, en sa qualité de rapporteur des deux textes, de minimiser leur impact désastreux. La majorité est, elle, embarrassée. Pour ma part, je voterai contre ces lois de régression : la « loi des suspects », la fausse vertu, cela finit généralement très mal ! La Terreur a été suivie par un épisode guère plus glorieux : Thermidor. Nous ferions mieux de nous concentrer sur les questions de fond, conformément aux attentes de nos concitoyens. Cette dérive populiste au sommet de l'État est déplorable et, pour tout dire, assez inattendue de la part de ceux qui nous ont donné des leçons pendant tant d'années.

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