Intervention de Bruno Nestor Azerot

Séance en hémicycle du 11 juin 2013 à 21h30
Questions au ministre de l'agriculture de l'agroalimentaire et de la forêt

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Nestor Azerot :

Monsieur le ministre, le volet consacré à l'outre-mer de votre projet de loi sur l'avenir de l'agriculture met l'accent sur la diversification. C'est osé !

Je suis cependant d'accord avec vous. La diversification est une nécessité, mais à une condition : elle ne doit pas se faire au détriment des cultures traditionnelles exportatrices, créatrices de richesses et d'emplois, que sont la canne à sucre et la banane. Il faut tout d'abord éviter, monsieur le ministre, que les programmes d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité – les POSEI – consacrés à la culture de la banane et de la canne à sucre soient remis en cause par la Commission européenne. Ils sont le fruit d'anciens et difficiles compromis. C'est aussi pourquoi la France doit définir une position commune avec l'Espagne et le Portugal. Vous avez rencontré fin mai vos homologues, monsieur le ministre. Qu'en est-il ?

Nous croyons aussi que la diversification ne peut réussir que si, précisément, elle vient des filières traditionnelles, et s'appuie sur leur expérience en matière de présentations de produits, d'emballages, de labellisation, de logistique, de réseau de distribution, et d'organisation. Il faut également, pour qu'elle réussisse, que l'État fasse preuve d'une volonté forte et oblige la pléthore d'organisations professionnelles oeuvrant dans le secteur du maraîchage à se regrouper en une union de groupements structurée et transparente.

Et le financement, me direz-vous ? Est-il nécessaire de rééquilibrer la répartition des aides, consacrées à 75 % aux filières traditionnelles et à 25 % à la diversification ? Je crois qu'il faut être très prudent, et ne pas modifier inconsidérément cette répartition, dans son principe comme dans ses taux. Elle garantit l'emploi dans des économies fragiles où le poids de l'agriculture dans le PIB est deux fois supérieur à celui de la métropole. De plus, les filières traditionnelles représentent 80 % de l'emploi agricole. Je crois pour ma part que des moyens alternatifs peuvent être utilisés, comme le reliquat de fonds destinés à la filière de la banane et non utilisés, ou des enveloppes sous-utilisées du FEADER.

Nous soutenons donc, monsieur le ministre, votre démarche. Mais comment concilierez-vous les deux objectifs du projet de loi d'avenir : le maintien de grandes filières groupées compétitives, et la nécessaire émergence de filières diversifiées et modernes, capables de reconquérir une partie du marché intérieur et de créer de la richesse ? Ne serait-il pas souhaitable d'organiser, sur ce point précis, une table ronde ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion