Monsieur le ministre, je voudrais relayer les inquiétudes des agriculteurs de mon territoire sur la manière dont la France compte traduire les engagements européens dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune. En effet, ils craignent que l'agriculture corse en ressorte gravement pénalisée.
Comme vous le savez, vendredi dernier, les représentants de la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles et des jeunes agriculteurs de Haute-Corse et de Corse-du-Sud, ainsi qu'une cinquantaine d'agriculteurs ont manifesté leur mécontentement en occupant les locaux de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Ajaccio.
Il semble que notre pays rechigne à mettre en oeuvre le principe de convergence voulu par Bruxelles, qui consiste à harmoniser le montant de l'aide à l'hectare pour chaque agriculteur européen. En effet, en se basant sur des dotations historiques déjà peu avantageuses, la France bloque cette volonté d'équité, ce qui est profondément préjudiciable à la Corse, déjà la moins bien lotie des régions françaises.
Monsieur le ministre, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Avec une dotation d'environ 100 euros l'hectare, la Corse se place largement en dessous de la moyenne nationale, qui s'élève à 280 euros l'hectare. Le calcul de la dotation par bénéficiaire n'est pas plus avantageux puisqu'il ne dépasse pas 4 605 euros pour les agriculteurs insulaires, contre 15 877 euros pour ceux du continent.
De telles distorsions ne peuvent qu'inquiéter le parlementaire que je suis. Elles sont en tout cas largement préjudiciables dans un système concurrentiel qui plonge nos agriculteurs dans une situation de grande précarité.
Ainsi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer les motifs de ce non-respect des engagements européens de convergence ? Quand allez-vous enfin mettre en place un système juste et équitable ? Nous attendons un signe concret de votre part afin de rassurer les agriculteurs insulaires qui ont souffert d'un cruel manque d'informations dans ce dossier, alors même que vous vous étiez engagé à constituer des groupes de travail avec l'ensemble des professionnels afin que la Corse soit dotée au mieux au niveau du régime des aides et que son relief soit spécifiquement reconnu. Je vous remercie.