Intervention de Alexis Bachelay

Réunion du 5 juin 2013 à 12h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Bachelay, rapporteur :

La transmission de la mémoire de l'immigration est cruciale : l'oubli, l'invisibilité, voire la mise à l'écart des immigrés ont été souvent mentionnés au cours de nos travaux. Le rôle des politiques culturelles est donc primordial.

Vous avez largement évoqué la CNHI, dont votre ministère assure la cotutelle. M Gruson, son directeur général, nous a dit avoir essayé d'organiser des visites de la Cité en lien avec Adoma, important bailleur social, sans que ce projet ait pu aboutir. C'est un point certes mineur, mais malheureusement emblématique de la situation de relégation des immigrés âgés dans notre pays : je me permets donc de vous faire passer ce message.

Vous avez parlé d'enseignement scolaire ; il faut souligner aussi les inquiétudes dont nous ont fait part les chercheurs : ils ont du mal à faire reconnaître l'histoire de l'immigration comme un sujet noble ainsi qu'à obtenir des financements pérennes.

Si le cinéma a un peu travaillé la question de l'immigration, la télévision semble en retard sur ces sujets. Ne manque-t-il pas des émissions et des productions consacrées à ces sujets ? Ils sont peu traités par l'écriture télévisuelle, peu abordés lors des débats. Le service public de l'audiovisuel, dont vous exercez la tutelle, ne peut-il pas faire plus et mieux ?

Vous avez rappelé les propositions du « rapport Tuot » sur la conservation de la mémoire urbaine lors d'opération de rénovation. Certaines collectivités territoriales se préoccupent de préserver ces lieux et cette mémoire, mais pas toutes : il pourrait être intéressant de systématiser ces pratiques, qui permettent de mieux associer les habitants à la vie de leur quartier. L'identification de lieux de mémoire, notamment industriels, est quelque chose de très important – je pense notamment, dans mon département, à Billancourt, dont il ne reste que des vestiges : l'apport des immigrés à la vie de l'usine a été majeur.

Que pensez-vous de la proposition, formulée par l'association Génériques, de création d'une journée européenne du patrimoine de l'immigration ?

Le Haut Conseil à l'intégration est aujourd'hui à l'arrêt. Pourrait-il jouer un rôle pour financer la recherche en histoire de l'immigration, voire des projets d'écriture et de diffusion de cette histoire ?

Êtes-vous certaine qu'il faille établir une forte distinction entre héritage colonial et mémoire de l'immigration ? Certains des immigrés aujourd'hui présents dans notre pays ont été français, puis ont cessé de l'être et, pour certains, le sont redevenus. Il paraît difficile de ne pas lier l'accueil qui leur a été fait à la colonisation : même s'il faut peut-être traiter ces problèmes de façon séparée, il ne paraît pas possible de laisser de côté la question de la colonisation.

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