Intervention de Aurélie Filippetti

Réunion du 5 juin 2013 à 12h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication :

Je me réjouis de ce que la mission d'information accorde une grande place aux politiques culturelles. Notre rôle est effectivement d'offrir à tous l'accès à la culture, mais aussi de faire mieux connaître et comprendre l'histoire de l'immigration.

Je prends bonne note, monsieur le rapporteur, de la difficulté que vous signalez avec Adoma.

Nous continuons de soutenir la recherche. Un appel à projets de recherche a été lancé le 15 mars 2013 sur les pratiques interculturelles dans les institutions patrimoniales. Il existe par ailleurs un groupement d'intérêt scientifique sur ce même sujet.

La création audiovisuelle n'est pas moins importante. Le cahier des charges de France Télévisions lui impose de promouvoir la diversité. Il faudrait sans doute encore renforcer cette dernière, par exemple en faisant appel à de jeunes scénaristes eux-mêmes porteurs de l'histoire de l'immigration – sans bien sûr les y cantonner.

S'agissant des propositions de M. Tuot sur la prise en considération de la mémoire des quartiers lors des opérations de rénovation urbaine, il existe effectivement des initiatives locales en ce sens. Nous pourrions inciter les acteurs de ces opérations à multiplier ce type d'actions. C'est une bonne manière de faire participer les habitants à la vie de leur quartier, mais aussi de promouvoir des pratiques artistiques.

Sur les lieux de mémoire et le patrimoine industriel, je suis entièrement d'accord avec Mme Geoffroy. Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est maintenant classé patrimoine mondial par l'UNESCO, et nous nous en réjouissons. Le monde du travail a été un creuset. Il a son histoire et sa culture, liées à celles de l'immigration, et il faut les mettre en valeur. Le syndicalisme a naturellement joué un rôle majeur.

Jacques Toubon avait préconisé la réalisation d'un inventaire du patrimoine industriel. Dans la loi sur le patrimoine que nous préparons, j'ai veillé à ce que le patrimoine industriel soit mis en avant.

Monsieur Vaillant, vous avez raison, les vieux migrants peuvent nous aider à apaiser cette histoire et à transmettre nos valeurs, notamment laïques.

Enfin, le lien entre immigration et colonisation est évidemment important, et je ne veux absolument pas l'occulter ; mais histoire de l'immigration et histoire de la colonisation ne sont pas réductibles l'une à l'autre. À mon sens, la CNHI doit se concentrer sur la question, déjà très large, de l'immigration. C'est d'ailleurs plutôt à elle qu'au Haut Conseil à l'intégration – dont le rôle est plutôt l'évaluation des politiques publiques – que je compte donner plus de moyens pour lancer des projets de recherche et des projets artistiques.

L'exposition « J'ai deux amours » a permis à la CNHI de montrer l'intérêt du travail des artistes contemporains sur l'immigration. C'est toute la force de la culture. Partant d'une histoire individuelle, ces artistes atteignent à l'universel. Grâce à eux, grâce à leur art, nous nous sentons tous liés par une communauté de destin.

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