Dans les zones herbagères d'altitude, en Auvergne, dans le Jura et ailleurs, les prairies subissent des dégâts colossaux causés par la pullulation d'une espèce invasive : le campagnol terrestre dit aussi rat taupier. C'est également la préoccupation de mes collègues Christine Pirès-Beaune et Éric Alauzet que j'associe à ma question qui s'adresse à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt.
La lutte chimique à base d'anticoagulant comme seul moyen d'intervention se révèle très peu efficace. Elle est par contre très dommageable à la faune sauvage, notamment le milan royal, magnifique rapace hier commun et aujourd'hui en voie de disparition.
Pourtant, les rapaces constituent un moyen de contrôle efficace de ces rongeurs, comme d'autres prédateurs tels que l'hermine, la belette ou encore le renard. Dans nos zones de montagne déjà en difficulté et en risque de désertification, je redoute que les éleveurs déjà défavorisés soient en passe de devenir eux aussi une espèce en voie de disparition.
On voit bien le cercle vicieux qui conduit des paysans désespérés à employer un poison dommageable aux prédateurs du campagnol terrestre bien plus qu'au rat lui-même. La prolifération de l'espèce, qui se renouvelle six fois plus vite que ses prédateurs, en témoigne.
Pourtant, il existe d'autres techniques, comme le piégeage, l'installation de perchoirs et la réintroduction de haies permettant d'abriter ces prédateurs. Ces techniques, utilisées en combinaison avec les moyens classiques, peuvent permettre une lutte plus efficace. Encore faut-il que les éleveurs puissent coordonner au mieux leur action.
Pour faire connaître et étendre les expérimentations menées, il apparaît indispensable qu'un réfèrent puisse concerter, mobiliser et fédérer l'ensemble des parties prenantes dans ce dossier. C'est la raison pour laquelle le préfet de la région Auvergne a proposé qu'un membre du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, placé sous son autorité, puisse mener à bien cette concertation et diriger les expérimentations.
Malheureusement, la nomination de ce réfèrent se fait attendre, comme d'ailleurs la mise en oeuvre de fonds de mutualisation afin de permettre aux éleveurs de faire face aux conséquences financières désastreuses de la destruction des prairies.
Pourriez-vous, monsieur le ministre, nous rassurer sur l'engagement du ministère de l'agriculture sur ce dossier ?