Nous craignons, pour notre part, que le document dit des « quatre présidents » attendu pour l'automne, pousse dans ce sens – le président Barroso a prononcé récemment un discours qui le laisse penser.
Tout cela illustre, une fois de plus, ce que les théoriciens de la construction européenne appellent le spillover. On crée un outil, la monnaie unique, et il fabrique du fédéralisme. On nous dit que puisque nous avons une monnaie unique, il nous faut nécessairement un ministre des finances européen qui fasse et défasse les budgets nationaux au détriment des parlements nationaux souverains. Et puisque nous avons une monnaie unique, il nous faudrait un président de la Commission élu au suffrage universel direct, comme le suggère Angela Merkel !
Ce spillover – ou débordement, pour parler français – n'est jamais que le nom sophistiqué de la fuite en avant. Or, ceux qui ont fait de la randonnée savent qu'il est souvent plus raisonnable de revenir à la dernière bifurcation pour prendre la bonne route, plutôt que de s'entêter à avancer dans la mauvaise direction.