Intervention de Patrick de Schrynmakers

Réunion du 19 juin 2013 à 11h00
Commission d'enquête chargée d'investiguer sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement

Patrick de Schrynmakers, ancien secrétaire général de l'Association européenne de l'aluminium, AEA :

Le vélo en fibre de carbone a un défaut principal : il n'est pas recyclable !

J'ai mis douze ans pour obtenir un « Fitness Check » de la Commission européenne, non sans faire pression grâce à toutes les industries de la chaîne de valeur. Ma méthode a été de collecter un maximum d'informations, vérifiables, en jouant la transparence avec elle.

Monsieur Hutin, je partage votre point de vue sur sa schizophrénie. Je n'ai jamais compris sa position doctrinaire, voire aveugle, en faveur du « tout environnement ». Trop peu de gens en son sein mesurent les conséquences de leurs décisions. C'est la raison pour laquelle, quand je vois des ONG radicalement contre les lobbies installés à Bruxelles, je leur dis qu'elles sont folles. De bons lobbies sont utiles pour informer et prendre des décisions pertinentes – à la différence des mauvais, comme on en trouve aux États-Unis, qui ressassent des leitmotivs jusqu'à ce qu'on les croit.

Or, étant donné les réductions de gaz à effet de serre que l'aluminium permet de réaliser dans le secteur des transports ou des bâtiments, il aide à obtenir les résultats prévus par le protocole de Kyoto. Il manque beaucoup de pragmatisme à la Commission européenne et même, souvent, aux gouvernements.

L'apathie dont vous parlez vient parfois d'une peur de faire mal. Mais je suis plus choqué par un phénomène inverse : le fait que chacun essaye de laisser un héritage législatif. Cela se traduit par un foisonnement dramatique de règles qui n'ont pas de sens et se contredisent les unes les autres. ETS a en soi les germes de son autodestruction mais personne ne veut le voir ! Nous ne sommes pas contre ETS, mais contre le fait qu'on ne veuille pas apporter des compensations aux secteurs industriels intensifs en énergie pour le surcoût que cela occasionne pour eux et que le reste du monde n'a pas.

J'ai perçu moi aussi un certain blocage, consistant à dire que la meilleure façon d'empêcher les Européens de gaspiller l'énergie est de fixer son prix à un niveau élevé. Or il ne souffre aucune contradiction. Heureusement, la crise économique a commencé à modifier la situation.

Nous nous sommes plaints depuis longtemps de l'inaction de la DG ENT. Quant à la DG COMP, elle est fermée à la discussion. Je ne pense pas non plus que la « comitologie » aille dans le bon sens, même si elle permet d'accélérer les processus. Malgré beaucoup d'avancées récentes, la Commission européenne a donc encore de nombreux progrès à faire.

La politique en faveur de l'environnement doit, encore une fois, être raisonnable et respectueuse des équilibres économiques. Si l'on peut montrer l'exemple, il ne faut pas se suicider pour ce faire ! Je comprends à cet égard certaines des critiques exprimées par votre ministre Arnaud Montebourg. Mais il ne faut pas exagérer non plus : si votre pays était plus actif à Bruxelles, on aurait moins à se plaindre de ce genre de problème.

S'agissant des aides, on dit que la France n'est pas assez riche pour faire comme l'Allemagne et la Norvège. Je n'en sais rien. À cet égard, l'un des aspects dangereux de l'ETS est qu'il est vu comme une vache à lait ou une façon de combler les trous du budget de l'État, auquel cas ce serait scandaleux. L'argent de l'ETS doit être utilisé pour financer la recherche et soutenir les secteurs qui ont des difficultés à se reconvertir.

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