Je vous remercie moi aussi, monsieur Caullet, pour votre brillant exposé. La forêt est un thème important, souvent sous-estimée par l'opinion publique et, il faut le reconnaître, par les élus et les politiques publiques.
Nous devons apporter un soin particulier à nos forêts publiques et l'ONF réalise à cet égard depuis 1966 un travail remarquable. Depuis la tempête de 1999, ont cependant été appliquées une politique de maîtrise des coûts et une rationalisation des effectifs et des structures au titre de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Sans établir de lien de cause à conséquence, nous ne pouvons ignorer les drames humains qui ont eu lieu récemment. De nombreux élus se sont d'ailleurs mobilisés pour donner l'alerte face à la baisse inévitable de la qualité du travail de l'ONF dans ses missions de service public. La rentabilité financière de la commercialisation du bois de l'ONF est évidemment un enjeu primordial, mais elle ne devrait pas porter préjudice à la qualité de l'accueil du public, en particulier dans les forêts publiques périurbaines.
Ma première question porte sur l'audit social : où en êtes-vous dans l'application des recommandations et dans quel état sont les relations sociales au sein de l'Office ? Quelles sont, selon vous, les évolutions souhaitables de la gouvernance et du modèle financier, compte tenu de la situation financière de l'ONF ?
On considère traditionnellement en France que la forêt a trois rôles : la préservation de la biodiversité, l'accueil du public et une fonction économique. Le premier de ces rôles est clairement satisfait, le deuxième un peu moins et le troisième soulève des questions. L'un des principes de la gestion des forêts publiques et que le bois paye le bois et le reste – c'est-à-dire que l'économique finance la préservation de la biodiversité et l'accueil du public. Ce modèle économique qui fonde les activités de l'ONF doit-il évoluer ?
Enfin, la France se trouve dans une situation économique paradoxale : alors qu'elle bénéficie du troisième massif forestier européen, son déficit commercial en bois s'élève à plus de 5 milliards d'euros. Avez-vous une idée des dispositions à mettre en oeuvre pour mieux mobiliser les forêts et renforcer la filière bois, qu'il s'agisse des forêts domaniales et communales ou des forêts privées ? Comment les relations avec les communes devraient-elles évoluer pour s'améliorer ?
Pour ce qui est des certifications, on entend souvent évoquer des fraudes concernant les bois importés en Europe et l'entrée dans notre pays de bois de forêts protégées qui ne devraient être commercialisés ni en France, ni en Europe donne souvent lieu à des scandales. L'ONF se préoccupe-t-elle de cette question dans son activité internationale et dans le dialogue qu'elle entretient avec les structures étrangères équivalentes ?
J'évoquerai enfin une idée reçue, ou plutôt d'un malentendu : l'opinion publique a le sentiment que la forêt française recule, alors que c'est depuis longtemps l'inverse qui se produit. Dans le même esprit, on pense souvent qu'il ne faut pas couper d'arbres, alors que les coupes sont précisément une nécessité concomitante à celle de la replantation. L'ONF a-t-il un rôle à jouer pour améliorer la communication sur ces thèmes ?