Intervention de Jean-Yves Caullet

Réunion du 18 juin 2013 à 18h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Yves Caullet :

On peut également envisager une cotisation très minime des communes, sorte d'assurance en nature obligeant l'ONF à reconstituer les forêts touchées par la tempête dans les communes qui l'auraient souscrite. Un tel système est très difficile à mettre en place dans le secteur privé, car la durée de vie des entreprises est imprévisible sur le long terme et le fonds de réserve est dans ce cas le meilleur système.

L'uniformité et la rapidité du cycle sont un risque mais une forêt, même monospécifique, sera toujours plus biodiverse qu'un champ de maïs, lui-même plus biodivers qu'un parking. (Sourires) La forêt landaise, implantée d'une manière quasi industrielle, est certes moins biodiverse que d'autres, mais il faut veiller à ce que la durée du cycle ne se raccourcisse pas trop pour des raisons économiques. De nombreux ouvrages indiquent à l'aide de courbes que le moment optimum pour la coupe d'un bois est celui où sa croissance commence à diminuer et où la dérivée de sa croissance coupe la courbe : on obtient alors le maximum de volume et le prix maximum par mètre cube, le bois pouvant par ailleurs être utilisé en déchiqueté ou en bois-énergie, ce qui multiplie le produit de la récolte. En revanche, une coupe à 30 ans ne rapporte qu'un tiers du volume et un tiers du prix, soit un neuvième de la ressource : lors même que l'on reproduirait trois fois cette opération, l'on n'obtiendrait qu'un tiers de la ressource. Nous avons donc intérêt à réfléchir en ce sens. L'alimentation industrielle est certes nécessaire, mais les grandes orientations forestières par massif ont précisément pour objet de fixer des règles notamment pour la taille des parcelles. Il me semble donc que nous pouvons aboutir.

Les métiers de la forêt et du bois sont assurément pénibles, mais ils se modernisent. Ces métiers sont très mal connus de nos concitoyens, qui les considèrent comme frustes, alors qu'ils sont d'une grande technicité du fait de la variété des territoires et du caractère de plus en plus technique du matériel employé. On ne met pas n'importe qui aux commandes des outils forestiers d'aujourd'hui. Il y a donc là un problème classique d'orientation par méconnaissance. Nous pourrions organiser des démonstrations propres à donner aux jeunes envie de s'orienter vers ces métiers.

Pour ce qui concerne le gibier, nous venons de signer une convention pour la forêt publique avec la Fédération nationale de la chasse. Alors que, voilà 40 ans, nous nous inquiétions de la disparition potentielle des grands animaux en forêt, la politique du plan de chasse a désormais évacué ce risque à coup sûr, au point que nous sommes parfois et à certains endroits confrontés à la situation inverse, où le biotope est menacé par une surpopulation. (Approbations)

La grande difficulté tient à ce que le plan de chasse n'est pas un outil adapté à la régulation de la présence d'animaux en surdensité momentanée : il suffit qu'une harde de cerfs se trouve pendant huit jours sur une zone de régénération pour perdre 15 ans de travail. Le fait de prélever un certain pourcentage de ces animaux quatre mois plus tard ne réglera pas le problème. Les chasseurs, les propriétaires, les gestionnaires et la population doivent comprendre ces enjeux. Les cervidés sont désormais si nombreux que les citadins eux-mêmes les voient : c'est tout dire ! (Rires)

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