Pour que nous votions ce texte, il aurait fallu la lucidité.
Ce message s'adresse également aux acteurs locaux de l'emploi. Qu'ils sachent que vous avez ajouté de la complexité, et que le pilotage de la mesure reste à préciser. Les dispositifs existent pour les jeunes peu ou pas qualifiés. Pour ne citer qu'eux : le CIVIS, le contrat d'autonomie, les dispositifs deuxième chance, les avez-vous seulement évalués avant de créer le concept d'emploi d'avenir ? Pourquoi avoir légiféré, d'ailleurs, puisque, dans l'étude d'impact, vous évoquiez la possibilité de « ne pas légiférer et d'utiliser les bases existantes du CUI ». En effet, il suffisait d'adapter le CUI en termes de ciblage, je n'y reviens pas, et en termes de durée du contrat. Nous partageons l'idée qu'il convient de sécuriser les parcours de ces jeunes en difficulté et une durée de trois ans – un an renouvelable trois fois – aurait été parfaitement acceptable.
Pour que nous votions ce texte, il aurait fallu la simplicité.
Ce message s'adresse, enfin, aux contribuables. Les mauvaises surprises sont pour « presque maintenant ». Vous avancez que votre dispositif coûtera 1,5 milliard d'euros en régime de croisière. C'est 2,5 milliards, selon les économistes de l'OFCE ! Qui dit mieux ? Le débat sur le projet de loi de finances arrive devant notre assemblée. Nous en aurons le coeur net, mais, en attendant, ne nous demandez pas de vous signer un chèque en blanc ! Notre responsabilité à l'égard des deniers publics nous invite à la prudence, pour ne pas dire à la méfiance.
Pour que nous votions ce texte, il aurait fallu la sincérité.
J'ai donc évoqué devant vous quatre raisons qui nous conduisent, hélas, à ne pas voter ce texte.
La seule maigre concession que nous y avons vue, et soyez en remerciés pour les jeunes, n'aura pas suffi, je le regrette, à nous amadouer. Je veux parler de la nécessité de profiter de ces trois ans de contrat pour offrir aux jeunes une véritable formation pendant les heures de travail, madame Buffet, et favoriser au maximum le tutorat. Les compétences acquises feront l'objet soit d'une attestation de formation, soit d'une VAE, soit encore d'une certification inscrite au répertoire national des certifications professionnelles. Cela fait consensus entre nous. Gageons que les régions, promptes à revendiquer toujours davantage de compétences, auront à coeur de réussir ce pari de la formation des jeunes peu ou pas qualifiés ; une évolution, voire une révolution, puisque chacun sait ici que la formation professionnelle profite, aujourd'hui, davantage aux plus qualifiés.
Je conclurai sur la création des emplois d'avenir professeur, c'est-à-dire l'article 2, dont nous ne comprenons toujours pas pourquoi il figure dans un texte supposé créer les emplois d'avenir,…