Intervention de Christophe Sirugue

Séance en hémicycle du 4 octobre 2012 à 9h30
Création des emplois d'avenir — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Sirugue :

Monsieur le président, monsieur le ministre délégué, monsieur le rapporteur, chers collègues, l'examen de ce projet de loi sur les emplois d'avenir doit nous amener à rappeler un contexte, une volonté et une responsabilité.

Un contexte, tout d'abord : s'il est un texte de loi dont l'urgence n'est pas contestable, c'est bien celui dont nous débattons depuis quelques semaines. Urgence en raison du nombre des demandeurs d'emploi : chacun sait qu'il a franchi la barre des trois millions et qu'il est aujourd'hui dans une propension méritant cette mobilisation. Urgence plus grande encore pour les jeunes, dont le taux de chômage frôle, globalement, les 25 %. Urgence surtout pour les 150 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification et dont le taux de chômage dans les quatre années qui suivent la sortie du système dépasse les 45 %. Urgence enfin car, à travers ces jeunes, ce sont des familles et, au-delà, une société qui sont marquées par le désespoir et attendent que nous trouvions des outils qui permettent de rendre l'espoir perdu et de remettre le système en marche.

Ce contexte, personne ne peut feindre de l'oublier, et, en tout état de cause, il ne peut justifier des prises de position qui pourraient s'apparenter davantage à du positionnement politique qu'à de la responsabilité, sur laquelle je reviendrai.

Ce texte, c'est aussi une volonté, qui fixe la priorité sur les jeunes conformément aux engagements pris par le Président de la République. Surtout, il s'inscrit dans un plan d'ensemble qui, des contrats de génération à la Banque publique d'investissement, des discussions en cours sur la compétitivité à la relance de la croissance, a pour cible la baisse du nombre de demandeurs d'emploi dans notre pays. C'est une volonté qu'il faut saluer, mais, au-delà, une fois admis le fait que se battre pour l'emploi est une nécessité, encore faut-il accepter de s'en donner les moyens.

Je veux saluer l'importance des apports parlementaires sur le texte initial, le travail accompli sous la houlette de notre rapporteur pour permettre que ce que nous ressentons, les uns et les autres, dans chacune de nos circonscriptions soit pris en compte afin d'améliorer le texte.

Les emplois d'avenir, c'est d'abord une première expérience professionnelle. Qui n'a pas reçu dans sa permanence un jeune expliquant qu'il avait envie de travailler mais qu'on lui demandait une expérience, et que faute d'en avoir une, il ne pouvait trouver un emploi ? Nous lui offrons aujourd'hui cette possibilité, celle de s'inscrire dans un parcours, et puis au terme du contrat, de se prévaloir de cette première expérience professionnelle tant attendue, tant demandée.

Deuxième élément : c'est un contrat d'une durée de trois ans. Chacun sait que, dans toutes les études publiées, c'est le délai nécessaire pour que l'essai se transforme en expérience, cette expérience indispensable pour entrer enfin dans la vie active.

Troisième élément : le souci de la formation professionnelle. C'est indispensable : quand on a entre seize et vingt-cinq ans, on a besoin de voir si le bagage est insuffisant, si des lacunes doivent être comblées.

L'expérience est la clef pour la réussite du parcours professionnel de ces jeunes. Le travail que nous avons accompli a permis d'affiner le dispositif et de mettre en place les éléments nécessaires à notre objectif.

S'agissant des emplois d'avenir professeur, j'ai entendu ce matin une critique qui m'a quelque peu surpris. Le retour de l'ascenseur social, dans une société où l'on a parfois le sentiment que les métiers de l'enseignement risquent d'être confisqués par quelques-uns, c'est tout de même un élément essentiel. Cela me fait penser, dans une certaine mesure, à ce qu'étaient les écoles normales : on sait combien celles-ci ont contribué à cet ascenseur social. Enfin, face à ceux qui ont tant décrié le métier d'enseignant, tant mis à mal l'éducation nationale, il était grand temps que nous puissions participer, à travers ce dispositif, à la nécessaire revalorisation de cette profession.

C'est aussi un texte de loi qui, après les échanges entre le Sénat et notre assemblée, nous a permis d'apporter de la souplesse. Les carcans, lorsqu'il est question de parcours individuels, sont les pires des modèles. Souplesse sur les zones, mais aussi par la prise en compte les études universitaires entamées, sans pour autant oublier l'objet initial du texte, qui vise d'abord les jeunes en situation de non-qualification. Offrir à tous ces jeunes une possibilité d'accompagnement, voilà l'objectif : tous ces éléments ont été maintes fois répétés au cours des débats. Quand j'entends Mme Le Callennec nous redire qu'elle ne comprenait pas à qui le dispositif était destiné, j'en reste pantois : oui il est destiné d'abord et très prioritairement aux jeunes en situation d'échec, mais on ne peut ignorer que, dans certains secteurs, on rencontre des difficultés plus grandes que dans d'autres. D'où cette indispensable souplesse, et je suis ravi que l'issue du débat parlementaire l'ait permise.

Ce texte organise, avec les partenaires irremplaçables que sont Pôle Emploi, les missions locales, les départements et les régions, l'accompagnement des jeunes, afin de rendre cette synergie la plus efficace possible.

Il s'agit, disais-je, à la fois d'un contexte, d'une volonté et d'une responsabilité.

Ne pas soutenir ce texte au motif qu'il ne serait pas parfait, voilà un argument qui me laisse perplexe. Qu'est-ce qu'un texte parfait ? Je n'en sais rien. On sait que 450 000 jeunes sont potentiellement cibles du dispositif et que 150 000 d'entre eux pourront trouver satisfaction. Certains refusent de nous suivre parce qu'ils ne sont que 150 000 : ils voudraient les 450 000 tout de suite ? Mais qui peut le plus peut le moins. J'avoue ne pas comprendre cette logique : il faudrait couvrir tout le monde et tout de suite. mais que ne l'avez-vous fait !

Je souris, avec un peut-être un brin de malice, madame Le Callennec, en vous entendant parler de la fragilité des associations. Mais qui les a mises dans une telle situation ? L'apprentissage est insuffisant, dites-vous, mais qui a fragilisé le monde économique et mis à mal son dynamisme, sinon les politiques que vous soutenez ? Vous nous expliquez que les jeunes sont désespérés, mais qui les a désespérés, sinon les politiques de votre ancienne majorité ? La responsabilité, ce n'est pas de soutenir que ce serait le meilleur des meilleurs textes, mais de le considérer comme un outil de plus, une volonté politique affirmée, dans le contexte général que j'ai rappelé, parmi d'autres outils. Michel Sapin et Thierry Repentin nous les ont présentés, en décrivant l'ensemble du dispositif. Vouloir l'ignorer systématiquement, reposer les mêmes questions alors que les réponses ont été apportées, voilà une attitude qui relève davantage de la posture politique que d'un positionnement responsable.

Pour ce qui nous concerne, nous avons évidemment la volonté de voir ce texte aboutir vite, parce que nous devons répondre à des situations d'urgence, et surtout parce que le redressement passe aussi par les jeunes. C'est ce que le Gouvernement propose au travers de ce projet de loi que le groupe SRC soutiendra avec force et détermination. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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