Intervention de Jean Bergougnoux

Réunion du 18 juin 2013 à 16h00
Commission des affaires économiques

Jean Bergougnoux, président de l'association « équilibre des énergies » :

L'investissement n'est peut-être guère rentable à ce stade, mais il le deviendra lorsque le système intégrera les éoliennes et les panneaux photovoltaïques.

On peut aussi augmenter la puissance des réservoirs hydrauliques existants en complétant leur équipement. Il faut néanmoins tenir compte des débits réservés. La gestion du lac de Serre-Ponçon se fait dans le cadre d'un arbitrage permanent entre les véliplanchistes et les agriculteurs : on y produit de l'électricité quand on peut…

Quant à l'association des intelligences locales et nationales, l'exemple que j'ai pris montre un synchronisme entre les besoins du centre commercial et la production photovoltaïque ; un micro « smart grid » local est même possible, pour peu que des immeubles fonctionnent à l'électricité dans le voisinage. On peut en ce sens parler d'un devoir d'imagination local, voire d'un devoir d'impertinence, comme je l'ai déclaré la semaine dernière au cours d'une visite dans le Morbihan. Reste que les microsystèmes ne peuvent vivre de façon autarcique : ils ont besoin des réseaux.

Deux modèles de réseaux s'opposent pour l'éolien. Le premier est celui de « grids » qui s'étendraient jusqu'en Norvège ou en Afrique du Nord afin de compenser les aléas des différents régimes de vent ; le second consiste à coupler la production et la distribution au niveau local.

Quant à l'exploitation du gaz de schiste, attendons de voir quel en sera l'impact au États-Unis. Le marché mondial du gaz est aujourd'hui totalement désorganisé. Les prix japonais sont deux fois plus élevés que les prix européens, lesquels sont sensiblement plus élevés que les prix américains. Les États-Unis manquent de capacités de liquéfaction ; celles-ci peuvent être créées, sous réserve que les autorités américaines jugent préférable d'exporter le gaz de schiste plutôt que de relocaliser les industries fortement consommatrices de cette énergie : loin d'être le pays du libéralisme débridé que l'on présente parfois, les États-Unis sont aussi marqués par un certain dirigisme économique. Quoi qu'il en soit, le premier importateur de gaz américain sera le Japon : cela ne bouleversera donc pas l'économie européenne du gaz.

Enfin, à supposer qu'il y ait du gaz de schiste en France, son exploitation aurait un impact très positif sur notre balance commerciale mais pas sur le prix du gaz, dans la mesure où 81 % de nos approvisionnements reposent sur des contrats de long terme. La définition d'une éventuelle stratégie dépend du niveau des ressources ; aussi serais-je favorable au moins à l'exploration, même s'il reste à savoir si elle est possible sans microfissuration.

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