Il s'agit, avec cet amendement, comme d'ailleurs avec les deux suivants, de la question non plus de la provenance, mais de la composition de la viande.
Je ne répéterai pas ce qu'a dit mon éminent collègue Le Fur sur le scandale de la viande de cheval estampillée « pur boeuf », qui a déclenché tout ce dont nous venons de parler. Mais ce scandale a aussi suscité chez bon nombre de consommateurs une envie de vérifier la composition de ces viandes qui entrent elles-mêmes largement dans la composition des plats cuisinés, tels les lasagnes ou les hachis Parmentier, dans lesquels on devrait retrouver de la viande « pur boeuf ».
Malheureusement, beaucoup d'industriels de l'agroalimentaire, probablement dans une optique de réduction des coûts, hélas non assortie d'une réduction des prix, vendent des plats préparés ou des morceaux de viande qui sont, en réalité, des morceaux reconstitués, à partir de ce qu'on appelle le minerai de viande.
J'aimerais préciser, devant l'Assemblée nationale, ce qu'est le minerai de viande. Je le tiens évidemment de professionnels. Il s'agit des chutes de viande lors de la découpe, des amas de muscles, des tendons, des nerfs, des tissus graisseux. Pour être encore plus clair, ce ne sont même pas les rognures que nos bouchers de campagne donnaient aux dames pour leur chien. Il s'agit de produits habituellement destinés à l'équarrissage et à l'incinération. Or, aujourd'hui, ces déchets de boeuf, évidemment « pur boeuf » du point de vue logique, sont malaxés, reconstitués grâce à certaines enzymes qui leur donnent un aspect de viande – on connaît la même chose pour le poisson. Voilà ce que l'on consomme généralement dans nos plats cuisinés !
Tout à l'heure, on parlait de tromperie par rapport à la provenance de la viande. Je parle là de tromperie sur l'étiquetage « pur boeuf » de ces produits. Certes, ces déchets sont bien « pur boeuf », mais ce ne sont que des déchets. Nous mangeons purement et simplement des déchets !
Je veux porter cela à la connaissance de l'Assemblée nationale pour qu'elle puisse réagir et corriger cette espèce d'injustice, puisque c'est une tromperie vis-à-vis des consommateurs, en obligeant les industriels à préciser quels types de viande sont utilisés pour fabriquer les plats cuisinés. On pourrait les obliger à préciser obligatoirement s'il s'agit de minerai de boeuf, en indiquant ce que cette notion recouvre, ou de chair de boeuf. Les Français mangent suffisamment de choses qui pourraient porter préjudice à leur santé pour qu'on les spolie ou les induise en erreur en indiquant simplement « pur boeuf » sur un produit ou un plat cuisiné.
Je vous laisse réfléchir à tous ces arguments, sachant que tout cela est évidemment apolitique. On peut parvenir à un consensus car, à mon avis, aucun problème d'ordre législatif européen ne se pose. Cette disposition est facilement applicable dans l'hexagone, et cela permettrait d'assainir la qualité de nos produits, en l'occurrence de nos plats cuisinés.