Intervention de Benoît Hamon

Séance en hémicycle du 26 juin 2013 à 21h45
Consommation — Article 4, amendement 335

Benoît Hamon, ministre délégué chargé de l'économie :

C'est un sujet à la fois très compliqué et très simple, que M. le député David Douillet a assez bien résumé. D'ailleurs, la découverte, dans les reportages à la télévision, du contenu de ce fameux minerai de viande a certainement été édifiante pour de nombreux Français.

Vous l'avez dit, monsieur le député, ce minerai comprend des morceaux de muscle, en faible quantité, de l'aponévrose, parfois un peu de tendon, du collagène,… Bref, ce n'est pas, c'est vrai, la partie la plus noble de la viande et n'importe quel boucher des Yvelines ou d'ailleurs pourrait vous le confirmer.

Cependant, j'émettrai un avis défavorable en raison de l'initiative que vient de prendre l'industrie agroalimentaire sur ce point. Consciente du choc entraîné par la révélation de l'affaire de la viande de cheval, cette dernière a en effet pris deux initiatives. La première a été lancée ; la seconde débouchera à l'automne prochain.

Désormais, suite à de nombreux accords signés entre la profession et la grande distribution, la plupart des grandes enseignes se sont engagées à respecter, pour les produits de leur propre marque – ce que l'on appelle les MDD : marques de distributeur –, le label « viande de boeuf française ». Cela ne veut pas dire que ces plats préparés ne contiendront pas de minerai de viande, mais au moins ils seront faits à partir de bétail français. Comme vous l'avez dit, on retrouve ce minerai principalement dans des plats préparés tels que les lasagnes, les hachis parmentier, etc.

Le plus important, c'est ce que les producteurs, la grande distribution et surtout les transformateurs ont décidé : définir un code des usages concernant les matières premières alimentaires, en particulier les viandes. Je ne suis pas, à beaucoup près, un spécialiste de la viande, mais selon les professionnels, ce code des usages devrait permettre d'améliorer la qualité des matières premières utilisées dans les plats cuisinés. Il devrait être opérationnel dès l'automne prochain.

Le Gouvernement considère que, dans ce domaine, on n'arrivera pas à une solution si l'on ne réunit pas tous les acteurs autour d'une table : la grande distribution, les producteurs, et les différents métiers de l'agroalimentaire. Il faut que tous ces acteurs soient impliqués dans la tâche de restaurer l'image de cette filière, qui a été très affectée à la fois par la tromperie sur la viande de cheval, mais aussi par la révélation du contenu du minerai de viande.

Un code des usages sera donc rendu public, à l'initiative des professionnels de l'agroalimentaire, à l'automne prochain. Le Gouvernement est convaincu qu'il faut, à ce stade, les laisser travailler. C'est pour cela que je vous demande, monsieur Douillet, de retirer votre amendement.

Je dois avouer que moi-même, quand je rentre tard le soir chez moi, il m'arrive de manger des plats préparés. Découvrir que j'ai sans doute beaucoup mangé de viande de cheval n'a pas été très agréable.

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