Vis-à-vis des entrepreneurs, notamment des PME dont on comprend les réticences, pourrait-on envisager un dispositif légal inspiré de ceux qui existent pour les jurés d'assises ou les pompiers, qui soit plus incitatif financièrement ?
Contre-amiral Antoine de Roquefeuil. Nous réunissons régulièrement des groupes de travail pour réfléchir à des dispositifs compensatoires au profit des entreprises. Systématiquement, les membres de ces groupes proposent des compensations financières. C'est ce qu'a mis en avant la Grande-Bretagne, qui s'est lancée dans un programme très ambitieux de réserve, souhaitant faire passer celle de son armée de terre de 15 000 à 30 000 hommes. Or, étonnamment, ces compensations financières ne sont pas considérées comme un argument suffisant par les entreprises, qui refusent de donner des réservistes. Du reste, cette compensation financière doit être bien calibrée, car c'est autant de budget en moins pour la réserve. Je rencontre très régulièrement des DRH et des chefs d'entreprise, et je vois bien qu'ils attendent plutôt une reconnaissance affichée ou le financement de formations duales que nous assurerions auprès de leurs réservistes. Ils reconnaissent que l'armée est porteuse d'un savoir-être et d'un savoir-faire différents et qu'un réserviste constitue un apport évident dans une société. J'ai le sentiment que, à condition d'avoir un préavis suffisant, la plupart des entreprises seraient d'accord pour vingt jours mais que, au-delà, elles craignent un impact trop préjudiciable sur leur fonctionnement. Ce n'est donc pas seulement une question de compensation financière.