Contradiction à l'égard de l'Europe, contradiction dans votre majorité, contradiction par rapport à vos engagements. Il y a quelques mois, nous vous avons entendu dire qu'après la potion amère du collectif de 2012 et celle, tout aussi amère, de la loi de finances pour 2013, les impôts n'augmenteraient plus. Bienheureux ceux qui vous ont cru ! Sans doute ce propos a-t-il été tenu par Jérôme Cahuzac. J'ai entendu aujourd'hui certains responsables socialistes dire dans les médias : « C'est Jérôme Cahuzac qui l'a dit. » Il a bon dos !
Puis-je vous rappeler respectueusement, monsieur le ministre, que le Président de la République lui-même, François Hollande, cet hiver, s'était rallié à ce propos ? Cela veut-il dire que le propos d'un hiver ne tient plus, l'été venu ? Et qu'il suffit, avec le même Premier ministre, avec le même ministre de l'économie et des finances, de changer de ministre chargé du budget pour qu'un engagement, qui paraissait raisonnable après le matraquage fiscal de la fin de l'année 2012, soit déchiré et ne vaille plus rien ?
S'agissant de vos engagements sur l'assainissement de la situation financière, le projet de loi de finances ne vaut plus et la loi de programmation pluriannuelle pas davantage. Quant au programme de stabilité, dont vous avez dit, lors de son extravagante présentation devant la commission des finances, qu'il pouvait se substituer à un collectif budgétaire, il ne correspond pas à ce que vous annoncez et à ce que vous finissez par assumer aujourd'hui en termes de stratégie budgétaire. Monsieur le ministre, quelle est votre stratégie budgétaire ?
Vous parlez souvent – et pas toujours à tort –, de l'importance de la transparence. Eh bien, la transparence exigerait que nous débattions d'un collectif pour 2013. Ce n'est pas par bigoterie ou par goût de la procédure, c'est plus modestement par souci de transparence.
Monsieur le ministre, vous ne savez pas où vous allez tant vous portez de contradictions et, je le crains, votre politique budgétaire n'est pas à la hauteur. Elle n'est pas à la hauteur des enjeux de la France ni des contraintes auxquelles notre pays doit faire face ni de notre avenir.
Vous pouvez dire à l'ancienne majorité ce que nous pouvons nous dire nous-mêmes : nous n'avons pas été parfaits. En effet, monsieur le ministre, nous n'avons pas été parfaits ! J'ai fait partie de ceux qui ont estimé, à certaines occasions, que le curseur entre le recours à des impôts nouveaux et les économies en matière de dépenses de l'État n'était pas toujours bien placé. Mais si nous n'avons pas été parfaits, faut-il que vous aggraviez les choses à ce point, inconscients que vous êtes ?