Intervention de Nuno Ferreira Fonseca

Réunion du 19 juin 2013 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Nuno Ferreira Fonseca, conseiller à l'ICA, Institut du cinéma et de l'audiovisuel du Portugal :

Comment le cinéma portugais a-t-il pu subsister dans un contexte économique et financier extraordinairement défavorable ? Il a réussi à préserver un volume minimal de productions, car il ne dépend pas directement du budget de l'État, à la différence de l'Espagne ou de l'Italie, mais, depuis quarante ans, d'un système parafiscal similaire au modèle français.

Nous avons aussi accompli des efforts de modernisation de notre gestion, avec des contrôles financiers très sévères et une transparence qui ont accru notre crédibilité, notamment auprès du pouvoir politique.

Nous avons cependant été confrontés à une crise économique particulièrement dure en 2012. Alors que le cinéma portugais se distinguait sur le plan artistique, notamment avec Tabou, de Miguel Gomes, récompensé par un prix au festival de Berlin et qui a connu un grand succès en France – près de 200 000 entrées – et à l'international, nous luttions contre une terrible érosion de nos recettes depuis 2008. Le revenu non commercial du cinéma portugais reposait alors sur une seule taxe assise sur la publicité télévisée, dont le marché s'était écroulé de presque 40 % avec la crise économique.

D'autres ressources ont donc été mises en place par une loi adoptée l'année dernière et taxant les nouveaux agents économiques que sont notamment la télévision payante et les services de vidéos à la demande. Le nouveau dispositif entrera en application le mois prochain et nous espérons ainsi renforcer notre production comme la fréquentation des salles.

Nous coopérons, depuis une dizaine d'années, avec les différents organismes publics de soutien au cinéma des États membres de l'Union européenne sur la base d'une plate-forme commune qui nous sert de lieu de débat et de confrontation de nos expériences, notamment en matière d'aides publiques.

Les projets de taxation des nouveaux services doivent faire face à une opposition parfois virulente des contribuables et à des interrogations de la part de la Commission européenne, car il s'agit le plus souvent d'entreprises de télécommunications.

Les questions agitées en France, au Portugal et en Europe sur l'économie du cinéma se ressemblent beaucoup, portant essentiellement sur l'avenir que nous pouvons offrir à nos créateurs et que méritent nos citoyens, dans le cadre d'une ouverture au monde à laquelle nous demeurons très attachés, compte tenu notamment de nos relations historiques avec les pays d'expression lusophone comme le Brésil et certains pays d'Afrique.

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