…en essayant de l'habiller d'un faux plan de relance européen de 120 milliards, dont chacun savait déjà et peut constater aujourd'hui qu'il n'existait pas le premier centime.
Vous n'avez pas ainsi abjuré vos engagements parce que vous aviez changé d'avis, ni même parce que le traité ou la politique européenne avaient été un tant soit peu modifiés, encore moins parce qu'on vous aurait montré combien cette promesse était démagogique. Pas du tout ! Seulement, votre nouveau chef a aisément pu vous faire sentir combien vous deviez vos fonctions parlementaires à la dynamique née de sa victoire. Et aujourd'hui encore, quand certains s'égarent à demander le droit de vote aux étrangers, une réforme fiscale d'ampleur ou bien l'extension de la PMA aux couples homosexuels, l'exécutif sait bien faire sentir à chacun d'entre vous qui vous a fait comte et combien il dépend du roi, de sa victoire et de sa bonne volonté que vous le restiez demain. Rassurez-vous : il se passait la même chose sous notre majorité.
Or le fait que les parlementaires ne puissent plus disposer d'un ancrage politique solide au sein d'un exécutif local, disposant d'une incontestable légitimité propre, extérieure à l'élection présidentielle, d'une indépendance qui leur permet d'être élus même quand cela déplaît au nouveau pouvoir, aura deux conséquences inévitables. La première, c'est le retour du régime des partis que la Ve République prétendait éviter. La seconde, c'est l'éloignement du législateur de la réalité du pays, de sa diversité, de sa complexité.
Avec votre nouveau système, pour être parlementaire, et plus encore pour le rester, mieux vaudra en effet arpenter les couloirs de son parti plutôt que les communes de sa circonscription, mieux vaudra ne pas déplaire à l'appareil politique dont on attend le soutien. Il ne sera plus possible à des élus de s'affranchir de la sacro-sainte discipline de groupe en sachant pouvoir compter sur sa force locale pour résister aux pressions dont chaque parlementaire fait un jour l'objet. Ces assemblées que vous entendez dessiner seront majoritairement composées – vous regrettez le mot, il n'a rien d'insultant – de fins connaisseurs des appareils, d'apparatchiks, plus habiles à être courtisans de leurs maîtres que serviteurs de leurs électeurs et de leurs territoires.
C'est d'ailleurs ce qu'exprime notre collègue Sophie Dessus, ancienne suppléante de François Hollande et qui lui a succédé comme députée.