Je voudrais aller plus loin sur la question des embryons surnuméraires. En effet, votre raisonnement consiste à dire, madame la ministre, puisqu'il y a des embryons surnuméraires qui sont appelés à être détruits, autant les utiliser – chacun appréciera la poésie de cette conception – à des fins de recherche. Le problème c'est que la production d'embryons surnuméraires est aujourd'hui largement supérieure aux besoins. Nous avons eu le débat lors des lois de bioéthique en 2010 et en 2011, ce qui montre d'ailleurs que ce sujet, que vous ne considérez que partiellement pour satisfaire quelques intérêts privés, aurait mérité un vrai débat sur la loi de bioéthique, notamment, sur les techniques d'assistance médicale à la procréation.
Alors qu'en France la production d'embryons surnuméraires est donc supérieure aux besoins, d'autres pays, notamment l'Allemagne, ont une production d'embryons surnuméraires limitée. Pourquoi cela se passe-t-il ainsi dans notre pays ? C'est, peut-être, pour multiplier les chances de réussite de ces assistances à la procréation. Mais nous savons aussi que certains trouvent un intérêt à ce que de nombreux embryons surnuméraires soient stockés et appelés à être détruits parce qu'ils représentent un matériau gratuit pour la recherche, ce qui aiguise les appétits des laboratoires notamment privés de l'industrie pharmaceutique.
On aurait pu réfléchir non pas à la bioéthique dans son ensemble, parce qu'il est clair que les questions relatives aux dons d'organes ne sont pas directement liées à notre débat, mais à tout ce qui concerne l'assistance à la procréation. Or votre raisonnement consistant à dire qu'il faut utiliser les embryons surnuméraires qui ne servent plus à rien conduit à ce que de plus en plus d'embryons soient disponibles gratuitement. C'est aussi ce que nous refusons.
Il est vraiment intéressant que vous preniez la parole parce que cela montre que vous n'avez pas intérêt à approfondir un débat qui amènerait à traiter d'autres chantiers qui sont pour vous autant de difficultés.