Ma première question porte sur la situation au Mali. Certains responsables politiques maliens, dont l'ancien ministre des affaires étrangères, M. Tiébilé Dramé, qui a été chargé par le gouvernement malien des négociations avec le Nord-Mali et est aujourd'hui candidat à la présidence de la République, expliquent qu'il ne serait pas « convenable » que l'élection présidentielle se tienne le 28 juillet prochain comme prévu. En effet, il n'y a toujours pas de gouverneur à Kidal, un demi-million de personnes sont encore déplacées dans le pays et beaucoup de Maliens de la diaspora ne pourront pas voter. Pour M. Dramé, si elle avait lieu, cette élection n'aurait pas de signification. Une autre candidate, Mme Cissé, a elle aussi expliqué ce matin sur l'antenne d'une radio française que l'obstination des gouvernements malien et français à vouloir que l'élection ait lieu le 28 juillet risquait de prolonger l'instabilité dont souffre le pays. À ses yeux aussi, cette élection, sans signification politique, ne contribuerait pas à la réconciliation dans le pays et ne permettrait pas au Mali de recouvrer son intégrité territoriale puisque Kidal, ville du Nord, sera exclue de la consultation démocratique.
S'agissant de l'Égypte, aucun pays n'a condamné ce qui est en réalité un coup d'État, mené certes à la demande populaire encore que, les jours passant, on se demande si cette demande populaire n'a pas été « sollicitée » par la seule composante organisée de la société égyptienne, à savoir l'armée. Laquelle, semble-t-il, prospère aujourd'hui davantage dans les affaires que dans la chose militaire puisqu'elle détient tous les rouages de l'économie – ce qui ne justifie pas pour autant la dérive des Frères musulmans. Ne faudrait-il pas que des pays comme la France ou les États-Unis, qui ont soutenu le président aujourd'hui emprisonné, exercent une pression pour éviter à l'Égypte les massacres et la guerre civile que connaît la Syrie ? Avec une tuerie ayant fait cinquante victimes, comme il y a quelques jours devant la Garde nationale au Caire, il faut bien parler de massacre. Que peuvent faire la France et l'Union européenne vis-à-vis des pays concernés au premier chef, de manière différente bien sûr, par cette situation régionale explosive ? Je pense à l'Iran et à Israël.