Comme vous, monsieur le ministre, je pense que la situation la plus préoccupante au Moyen-Orient est celle de l'Égypte. Depuis le début du printemps arabe, ce sont les évolutions dans ce pays qui m'inquiètent le plus, davantage qu'en Tunisie, de tradition plus laïque et dont la population a un niveau d'éducation plus élevé, davantage qu'en Libye, plus riche et où le partage des richesses est donc plus facile.
L'Égypte est, de loin, le pays le plus peuplé de la région, avec un mouvement salafiste qui a profondément pénétré la société. Le pays n'est pas loin aujourd'hui de la guerre civile et si guerre civile il devait y avoir, les conséquences en seraient dramatiques pour l'ensemble de la communauté internationale, pour l'Union européenne bien sûr, pour Israël –je n'en parle même pas –, mais aussi pour les pays du Golfe, ce qui ne manquerait pas d'avoir de lourdes incidences pour nous-mêmes. On saura sans doute dans quelques jours ce qui s'est passé lors de la tuerie devant la Garde nationale. Pour que puisse être assurée la sécurité de la population égyptienne et assise la démocratie dans le pays, il faut que l'ordre soit respecté. Notre collègue Noël Mamère désignait, avec ironie, l'armée comme « la seule composante organisée de la société égyptienne ». Mais heureusement que l'armée égyptienne existe, serais-je tenté de dire à ce point, car sans elle, l'Égypte serait aujourd'hui en pleine guerre civile. La communauté internationale, et notamment l'Union européenne, ont le devoir d'en appeler à ce respect de l'ordre. Ce discours-là, on l'entend peu hélas.