Ce qui arrive en Égypte n'est pas une surprise. Tout le monde s'attendait à ce qu'il se passe quelque chose, comme nous avions pu le constater lors d'un déplacement sur place avec Jean Glavany. Le problème principal pour le pays est aujourd'hui que la population puisse se nourrir. Où en est-on des négociations avec le FMI et l'Union européenne pour l'octroi de prêts ? S'ils ne sont pas débloqués, la situation actuelle, qui est la résultante de l'absence de croissance économique et de l'extrême difficulté qu'ont les Égyptiens à manger à leur faim, risque d'empirer. Or, le FMI demandait, ce qui était imbécile, je me permets de le dire, que le pain, l'essence et d'autres biens de base ne soient plus subventionnés.
S'agissant de la Syrie, il est clair que celle-ci est devenue un enjeu entre l'Arabie Saoudite et l'Iran qui s'affrontent par Syrie interposée, avec le risque de démembrement que cela fait peser sur le pays. L'élection de Ahmed Assi Jarba à la tête de la Coalition nationale est d'ailleurs présentée par les experts internationaux comme une victoire de l'Arabie saoudite sur le Qatar d'une part, sur l'Iran d'autre part. Je me demande donc si nous avons intérêt à jouer un pays contre l'autre car quel que soit celui des deux qui gagne, nous risquons, nous, de perdre. J'en appellerai donc, pour ma part, à plus de prudence, en dépit de l'horreur de la guerre civile.
Je veux enfin souligner que dans cette région du monde se joue le destin de la France et de l'Europe. Le danger n'est plus l'arrivée de chars soviétiques sur les rives de la Vistule ! Il serait bon que la diplomatie française se réoriente vers le flanc Sud.