On peut prendre quelques exemples pour montrer les gains d'efficience potentiels du système. Sur 40 000 thyroïdectomies réalisées chaque année, deux tiers des patients opérés n'ont pas bénéficié d'un suivi de qualité avant l'intervention : ainsi, 18 % d'entre eux n'ont pas bénéficié d'une échographie et 69 % n'ont pas fait l'objet d'une cytoponction. Quant aux dosages hormonaux, ils sont fréquents mais souvent inadaptés.
Par ailleurs, la fréquence des interventions varie du simple au double selon les départements, sans justification particulière. Or, cette chirurgie trop répandue n'est pas anodine, elle entraîne certains effets secondaires non négligeables, comme un traitement hormonal à vie.
Le cancer de la prostate fait l'objet d'un phénomène de « surdépistage », alors que ce dépistage n'est pas recommandé. Les trois quarts des hommes de plus de 75 ans subissent un dosage de PSA (antigène prostatique spécifique) tous les trois ans. La prostatectomie entraîne des effets indésirables importants sur la qualité de vie des hommes, alors que les cancers dépistés par dosage de PSA peuvent être indolents et peu évolutifs. Si l'on avait affaire à un médicament présentant un tel rapport bénéfice risque, jamais il n'obtiendrait d'autorisation de mise sur le marché. Il faudrait qu'une agence émette une recommandation indiquant qu'il n'est pas souhaitable de réaliser des dosages de PSA après 75 ans.