Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 23 juillet 2013 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je suis de ceux qui souhaitaient une action forte de la France et de l'Union européenne, ce qui m'a conduit, bien que n'appartenant pas à la majorité, à soutenir le Président de la République lorsqu'il a évoqué l'idée de venir en aide aux révolutionnaires syriens. Mais plus le temps passe et plus je m'inquiète de l'incapacité de l'opposition syrienne à présenter un front crédible – et ce que j'ai entendu aujourd'hui me préoccupe davantage encore. Vous avez expliqué le déséquilibre militaire en Syrie par les tergiversations de la communauté internationale, mais l'on ne peut s'en tenir à cela : nous devons avoir des perspectives sur ce que serait l'alternative au régime de Bachar al-Assad. Vous avez ajouté que les groupes jihadistes occupent le vide que, par son incurie, la communauté internationale a laissé se créer. Cette analyse me paraît un peu courte, sachant que de tels groupes se trouvent dans beaucoup de pays arabes où a eu lieu une révolution. Enfin, entendre dire que Al Qaïda est une création de l'Iran est une nouveauté pour moi.

Accuser la communauté internationale d'être responsable de la situation, c'est faire l'impasse sur l'incapacité, depuis deux ans, des responsables de l'opposition syrienne à s'unir ; c'est cela qui a entraîné le renversement de la situation, Bachar al-Assad, qui était près de partir, passant à l'offensive politique et militaire. Comment comptez-vous asseoir une crédibilité internationale justifiant que le Président de la République, soutenu par l'opinion publique française, vous vienne en aide ? Affirmer que les groupes de la mouvance iranienne ne représenteraient que 2 ou 3 % des combattants de l'opposition syrienne est assez vite dit. Les discours successifs de l'opposition montrent que nous ne sommes pas encore face à une coalition suffisamment crédible pour les gouvernements et les peuples d'Europe. Une seule question : à qui les armes seraient-elles livrées ?

Je vous prie d'excuser mon ton direct, mais il nous revient d'expliquer aux citoyens français ce qui justifierait une implication militaire française dans la région. À cet égard, vos interventions ont été utiles mais peu rassurantes.

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