Intervention de Jacques Krabal

Séance en hémicycle du 18 juin 2013 à 15h00
Questions au gouvernement — Travailleurs détachés au sein de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Krabal :

Ma question s’adresse à M. le ministre du redressement productif.

Des mesures pour réduire notre dette, restaurer notre compétitivité, rétablir la croissance et l’emploi ont été mises en oeuvre : le CICE ; la BPI ; le soutien à l’innovation ; l’objectif d’avoir 500 000 jeunes en apprentissage dès 2017 ; l’adaptation des formations aux besoins des entreprises pour pallier le scandale des 450 000 emplois actuellement non pourvus. Mais ce que nous entreprenons pour faire reculer le chômage ne risque-t-il pas d’être remis en cause si nous continuons d’accepter la pratique du dumping social ?

Le recours aux « travailleurs détachés » via des cascades de sous-traitants, permet que des personnes soient payées 2,86 euros de l’heure. Dans notre pays, il y aurait pas moins de 300 000 travailleurs européens détachés, dont 150 000 non déclarés, principalement dans les secteurs de la construction, de l’agroalimentaire, du transport et de l’agriculture. Le recours aux travailleurs à « bas coût » à l’intérieur de l’Europe ne peut qu’avoir des répercussions à « haut coût » en matière sociale, économique et politique. Oui, comme cela vient d’être dit, il faut vite une harmonisation salariale et fiscale au niveau de l’Europe.

Et puis, il y a les délocalisations des commandes publiques à l’étranger. Lors du salon Graphitec, les acteurs de la filière graphique nous ont fait part de leurs inquiétudes quant au fait qu’actuellement, 70 % des manuels scolaires sont imprimés en dehors de notre pays. À l’heure de l’exception culturelle, l’économie du livre scolaire ne devrait-elle pas, comme bien d’autres, être elle aussi relocalisée ?

Jean de la Fontaine écrivait, dans la fable Le Loup, la Chèvre et le Chevreau : « Deux sûretés valent mieux qu’une ; Et le trop en cela ne fut jamais perdu ». Effectivement, monsieur le ministre, pour l’emploi il n’y a jamais assez de sûreté. Que comptez-vous faire pour empêcher les pratiques de concurrence déloyale et de dumping social, et installer avec force le « fabriqué en France » et le patriotisme économique ?

(Applaudissements sur les bancs du groupe RRDP.)

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