Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, madame, le Gouvernement s'associe à l'hommage rendu aujourd'hui à Jean-Yves Besselat, député de Seine-Maritime. Chacun dans cette assemblée regrette un homme de grande qualité, déterminé et fidèle à ses convictions. Jusqu'au bout, il aura mené d'une façon exemplaire un long et discret combat contre une maladie qui aura eu raison de sa pugnacité et de son courage. Jusqu'au bout, il a tenu à s'investir dans sa tâche afin de défendre ses idées avec respect et sérénité.
C'est en Haute-Normandie, au Havre, que ce breton de naissance, passionné par la France, par sa région et plus spécifiquement par tout ce qui touche au maritime avait choisi de défendre les valeurs qui étaient les siennes. Cet attachement local s'exprima au cours de vingt-six années durant lesquelles il siégea au sein du conseil général de Seine-Maritime tout en étant élu municipal.
Cadre commercial dans une entreprise privée, Jean-Yves Besselat était entré en politique en 1976, aux côtés d'Antoine Rufenacht. Il lui succéda à l'Assemblée nationale en 1995 et siégea parmi vous, dix-sept ans d'affilée sans discontinuer.
Sa passion pour la mer fit de lui un expert des questions maritimes, reconnu et considéré de tous, collègues comme forces vives du pays.
À l'Assemblée, il n'eut de cesse de s'investir dans les questions liées à l'aménagement du territoire, à la mer, au littoral et aux ports. Par ses prises de parole dans l'hémicycle, il défendit ainsi ardemment les quatre piliers sur lesquels reposait, selon lui, la politique maritime française : la réforme portuaire, l'enseignement supérieur maritime, l'audit portant sur le pavillon français et son développement futur, la sécurité maritime. Il fut presque naturellement, allais-je dire, un rapporteur écouté et efficace du budget de la mer.
Jean-Yves Besselat a notamment participé à la commission d'enquête sur l'application des mesures préconisées en matière de sécurité du transport maritime des produits dangereux ou polluants et à celle portant sur la sûreté des installations industrielles et des centres de recherche et sur la protection des personnes et de l'environnement en cas d'accident industriel majeur.
C'est au Havre, sa ville d'adoption, qu'il vit son engagement pour la politique maritime de la France se concrétiser par les plus belles réalisations : l'immense chantier portuaire Port 2000, inauguré en 2006, l'organisation du grand succès populaire que fut l'escale du porte-avions Charles de Gaulle en juin 2004, mais aussi et surtout le projet de la nouvelle école de la marine marchande.
Pour Jean-Yves Besselat, le 23 mars 2012 devait être un jour de fête. Après tant de travail et de détermination, il était parvenu à réunir les partenaires financiers nécessaires à la construction de cette nouvelle école de la marine marchande qu'il défendait avec force. C'est le 23 mars 2012 que ce projet majeur pour la politique maritime de la France allait prendre forme puisque tous les acteurs concernés étaient réunis dans les locaux de l'ancienne école pour lancer officiellement le projet de déménagement vers les docks du Havre. Hélas, Jean-Yves Besselat ne put s'y rendre, vaincu par la maladie après une bataille de plusieurs années.
Son courage et sa ténacité forcent l'admiration. Jusqu'au bout, il consacra toute son énergie à son travail d'élu, avec la détermination d'un homme qui voulait que chaque jour gagné sur la maladie fût un jour utile pour son travail et pour ses projets.
En 2011, il était parmi les tout derniers députés présents jusqu'à la fin des travaux parlementaires. Le mercredi 2 novembre 2011, la voix de Jean-Yves Besselat, rapporteur pour avis de la commission du développement durable pour les affaires maritimes, résonna pour la dernière fois dans cet hémicycle. Cette prise de parole fut à l'image de l'ensemble de son engagement : pleine de force, de dignité et de conviction. Les cinq minutes qui lui étaient initialement accordées étaient forcément trop courtes car pour Jean-Yves Besselat : « Essayer d'être bref s'agissant de la politique maritime de la France relève de la gageure ».
Beaucoup savent ici que sa référence était Charles de Gaulle. En rendant aujourd'hui hommage à Jean-Yves Besselat, comment ne pas évoquer ce passage des Mémoires de guerre : « La difficulté attire l'homme de caractère, car c'est en l'étreignant qu'il se réalise lui-même ».
Jean-Yves Besselat était un député qui a fait honneur à la France et à la République.
À son épouse, à sa famille ainsi qu'à ses proches et à ses collègues, j'exprime au nom du Gouvernement et en mon nom personnel nos condoléances les plus sincères.