Parce que nous sommes les députés de la nation, nous savons que la République est laïque.
Cette laïcité signifie d'abord une neutralité de l'État et de l'ensemble des agents publics, parce qu'ils sont, au fond, le bras anonyme de la République. Sauf à méconnaître leur devoir de représentant de l'État, ils ne sauraient exprimer publiquement en cette qualité une conviction religieuse qui ne peut être que personnelle.
Mais parce que notre République respecte les libertés, la laïcité n'est évidemment pas la négation partout, tout le temps, de toute expression religieuse. Plus encore, la restriction de l'expression religieuse ne peut être que l'exception, justifiée par les nécessités de l'ordre public.
C'est la mission du législateur que de faire vivre ces principes de laïcité et de liberté, en organisant les relations entre ceux qui croient au ciel et ceux qui n'y croient pas.
Le temps ne s'est pas arrêté en 1905. La loi de séparation des Églises et de l'État est une loi d'importance majeure, bien sûr, que personne ne songe à ébranler, mais elle n'a pas épuisé toutes les questions qui se posent au législateur ici et maintenant.
Disons les choses telles qu'elles sont : les formes de l'expression religieuse sont à nouveau devenues un sujet de débat public et d'interrogations juridiques.
La plus grande erreur serait de refuser de regarder la réalité en face, de refuser de répondre aux interrogations légitimes de nos compatriotes, de se contenter de pétitions de principe…