Ces interventions passionnantes ont bien éclairé la diversité des enjeux des festivals, qui sont l'image même de ce que nous, politiques, voulons conserver, voire développer : vous nous avez parlé d'égalité, de démocratisation, d'excellence culturelle dans un contexte européen, de développement économique aussi.
Les festivals rencontrent aujourd'hui un large succès populaire, d'Aurillac à Arles, de Marseille à Lorient, de Paris à Avignon… La commission porte une grande attention à ces pratiques culturelles : une délégation s'est d'ailleurs rendue cet été au festival d'Avignon, où nous avons pu visiter une exposition remarquable, « Les Papesses ».
Les pratiques culturelles jouent un rôle capital dans le développement local : les festivals constituent un atout touristique, car ils permettent de mettre en valeur le patrimoine – je pense bien sûr, en tant que Gardoise, au festival de musiques actuelles du Pont du Gard, qui se déroule dans un écrin hors du commun. Les festivals constituent également un atout économique, car ils créent des emplois, directs et induits : la contribution de la culture à la création et à la sauvegarde de l'emploi oscillerait entre 3 % et 7 %.
Les festivals, au-delà de leur vocation initiale, représentent donc un enjeu de développement considérable pour nos territoires. Comment mesurer les performances socio-économiques du secteur culturel ? Quels outils peut-on développer pour appréhender le rôle de pratiques culturelles dans le développement économique et social, dans l'innovation, la création, le renforcement de la cohésion sociale ?
Les collectivités territoriales ont bien compris cet enjeu et consacrent à la culture des budgets importants, malgré la baisse de leurs ressources. Comment construire les politiques locales ? Comment passer de la programmation éphémère d'un festival au développement de pratiques pérennes, contribuant ainsi à l'amélioration du lien social et à l'élargissement de l'accès à la culture ? Si la contribution économique des festivals peut être quantifiable, comment et en quoi pouvons-nous évaluer les pratiques culturelles comme levier d'intégration sociale pour des individus ou des territoires en difficulté ?
Comment les festivals peuvent-ils se différencier et gagner en notoriété dans un contexte d'internationalisation et de concurrence européenne accrue ? Souvent, le festival fait partie intégrante de l'identité d'une ville : pensons à Avignon et au théâtre, à Arles ou Perpignan et à la photographie. Mais quelle est la réalité de l'accès de la population aux pratiques culturelles ? La culture est-elle moins élitiste, et les festivals contribuent-ils vraiment à une démocratisation ? Un quart des Français ne fréquentent aucun équipement culturel : comment démocratiser, ouvrir l'accès des lieux culturels à tous ? En valorisant le patrimoine naturel et culturel de la région où ils s'installent, en cultivant un lien avec tous les publics, les festivals ne pourraient-ils pas se développer davantage encore ? De même, la pérennité de certains festivals ne passe-t-elle pas par une offre diversifiée d'hébergement, afin de rendre les festivals plus accessibles, peut-être en lien avec d'autres activités, sportives par exemple, plus ancrées dans l'identité des régions ?