Intervention de Ségolène Neuville

Réunion du 17 septembre 2013 à 16h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSégolène Neuville :

Bien entendu, je voudrais saluer ce travail et dire que je suis entièrement d'accord avec les conclusions et recommandations du rapport. Je souhaiterais apporter des précisions qui ne sont pas d'ordre idéologique mais bien pragmatiques et concrètes. Pour ce faire, je m'appuierai sur mon point de vue de médecin spécialiste du VIH.

Je suis extrêmement surprise que des associations et des structures aussi sérieuses que le Conseil national du sida (CNS), l'association Élus locaux contre le sida, AIDES ou Act Up, tentent de nous dissuader de légiférer au moyen d'un argumentaire pauvre, sans chiffres pertinents, et truffé de contradictions flagrantes. Je voudrais d'ailleurs souligner qu'il n'y a, à l'heure actuelle, aucune étude dans le monde démontrant qu'il y aurait plus de risques, pour les prostituées, d'être contaminées par le VIH dans un pays abolitionniste que dans un pays réglementariste. Il n'y a aucune étude comparant la prévalence de la séropositivité VIH des prostituées dans les établissements ou dans la rue dans les pays réglementaristes (par exemple les Pays-Bas, l'Allemagne ou l'Espagne). Nous n'avons aucune donnée sur ce sujet. Le rapport de 2010 du CNS en est une illustration : s'il y a bien quelques chiffres sur la prostitution en France, il n'y en a aucun sur la séroprévalence des prostituées dans quelque pays que ce soit, et il n'y a pas non plus de comparaisons chiffrées sur le taux de séroprévalence en fonction du lieu de travail. Je ne vois donc pas comment on peut imaginer qu'en légiférant, il y aura une augmentation ou une diminution de la séroprévalence.

Je veux terminer en soulignant que dans une étude récente réalisée par des sociologues à La Jonquera – village situé à la frontière espagnole –, il n'y a aucune trace d'un quelconque suivi sanitaire des prostituées officiant dans les établissements de la ville. Cela montre que l'idée selon laquelle il y aurait un suivi sanitaire dans les pays réglementaristes abritant des établissements spécialisés n'est pas fondée. Je pense qu'il est de notre rôle de répondre à ce genre d'idées reçues et d'allégations.

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